Représailles Ukraine-RussieLa Russie coupe le gaz à la Pologne et à la Bulgarie
Pour ne pas avoir satisfait aux exigences russes de recevoir un paiement en roubles, Gazprom indique suspendre les livraisons vers ces deux pays. Et menace de durcir encore sa position si ces pays de transit venaient à ponctionner le gaz destiné à des pays tiers.

Le président russe Vladimir Poutine avait déclaré le mois dernier que la Russie n’accepterait le paiement des livraisons de gaz que dans sa monnaie nationale, en réaction aux sanctions prises pour punir l’offensive du Kremlin en Ukraine.
La Pologne en première ligne
PGNiG a confirmé mercredi «l’arrêt complet de l’approvisionnement en gaz naturel fourni par Gazprom dans le cadre du contrat Yamal».
«La situation n’affecte pas les approvisionnements courants des clients de PGNiG qui reçoivent le carburant conformément à leur demande», a indiqué la société dans un communiqué.
Selon PGNiG, l’arrêt de l’approvisionnement «est une violation du contrat Yamal» et la société se réserve «le droit de demander des réparations».
Pays «inamicaux»
Gazprom a précisé n’avoir pas reçu mardi en fin de journée le paiement des livraisons de gaz en avril de la part de Bulgargaz et PGNiG.
«La Bulgarie et la Pologne sont des pays de transit. En cas de prélèvement non autorisé de gaz russe sur les quantités en transit vers des pays tiers, les livraisons de transit seront réduites dans la même quantité» prélevée, a averti le géant russe.
Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a affirmé que Gazprom avait pris la «bonne décision» en suspendant les livraisons vers la Pologne et la Bulgarie.
«Il faut également agir de la sorte concernant les autres pays inamicaux» envers la Russie, a affirmé M. Volodine, dans un message sur son compte Telegram. La suspension des livraisons de gaz russe à la Bulgarie et à la Pologne, pour n’avoir pas payé en roubles comme exigé, est la conséquence d’actes hostiles inédits contre la Russie, a affirmé mercredi le Kremlin.
«Les conditions qui ont été fixées font partie d’une nouvelle méthode de paiement élaborée après des actes inamicaux sans précédent dans le domaine économique et financier» après l’offensive russe en Ukraine, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Il a assuré que la Russie avait dû élaborer un nouveau mode de paiement après le «vol» d’une «partie significative» des réserves russes, une référence au gel des réserves de devises étrangères russes détenues à l’étranger.
«Il ne s’agit pas de chantage», a poursuivi M. Peskov, en réponse à des accusations en ce sens de la cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du premier ministre bulgare.
Solutions alternatives
La Pologne et la Bulgarie, très dépendantes du gaz russe, avaient annoncé toutes deux mardi soir avoir été informées de la suspension des livraisons par Gazprom.
Ces deux membres de l’Otan et de l’UE se disent toutefois préparés à obtenir le gaz manquant par d’autres sources.
La ministre polonaise du Climat, Anna Moskwa, a assuré qu’il n’y aura pas de pénurie de gaz en Pologne, disant que Varsovie était prêt à «une indépendance totale vis-à-vis des matières premières russes».
Le gouvernement bulgare a, lui, affirmé que Sofia s’était «pleinement acquitté» de ses obligations et avait «effectué tous les paiements requis dans le cadre du contrat en temps voulu», assurant que «des actions pour trouver des arrangements alternatifs pour la fourniture de gaz naturel et faire face à la situation» ont été entreprises.
L’UE à la rescousse
La Bulgarie et la Pologne sont désormais approvisionnées en gaz «par leurs voisins de l’Union européenne», après la suspension par Gazprom des livraisons russes, a affirmé mercredi la présidente de la Commission européenne.
«Nous ferons en sorte que la décision de Gazprom ait le moins d’effet possible sur les consommateurs européens», a assuré la cheffe de l’exécutif européen dans une brève allocution à la presse à Bruxelles. «La mesure prise par la Russie affecte la Russie elle-même. Le Kremlin fait mal à l’économie russe car ils se privent eux-mêmes de revenus importants», a-t-elle estimé.
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