Si les programmes de constructions développés aujourd’hui sont respectueux du climat, car souvent labellisées Minergie a minima, ils ne contrebalancent pas encore la consommation excessive des bâtiments vieillissants. Dans ce contexte de transition écologique, il convient de viser plus haut et de lancer des rénovations à grande échelle.
Un siècle!
C’est le temps qu’il faudrait, au rythme actuel, pour rénover l’ensemble des immeubles genevois.
Mais du temps, il n’y en a plus… Les différents plans des cantons et de la Confédération déterminent des objectifs de rénovation et de réduction de consommation énergétique à de proches horizons.
La Confédération poursuit la Stratégie énergétique 2050, la Stratégie climatique 2050 ainsi que la Stratégie pour le développement durable 2030.
Le Canton de Genève, lui, a été l’un des premiers à fixer la rénovation des bâtiments comme priorité dans le Plan climat cantonal. Objectifs: réduire de 60% les émissions de CO², notamment en doublant le nombre de logements rénovés, d’ici 2030, à l’aide de subventions. Il reste que 7 ans et demi!
95% de l’activité dans la rénovation
Or, passer du neuf à la rénovation, du moins mettre plus d’effort dans cette dernière implique de grands changements de pratiques.
«La transformation du parc est donc moins limitée par des paramètres financiers que par le nombre et la qualification des équipes.»
Dans un récent article du journal Le Monde, le groupe Bouygues construction, l’une des plus importantes entreprises françaises du secteur, prévoyait, d’ici à 2050, de consacrer 95% de son activité à la rénovation, contre de 5% à 10% aujourd’hui.
Les acteurs de la construction doivent se structurer et eux aussi faire leur transition, d’autant plus que les bras manquent. Il faudrait quatre fois plus d’ouvriers et d’artisans spécialisés en rénovation pour pouvoir réaliser les travaux nécessaires. La transformation du parc est donc moins limitée par des paramètres financiers que par le nombre et la qualification des équipes.
Cette transition implique des ajustements qui doivent se traduire par une formation continue des travailleurs. Si l’on coule moins de béton, une partie des maçons, des ferrailleurs ou des coffreurs vont devoir apprendre d’autres métiers et les filières d’apprentissage vont devoir s’adapter.
Réinventer l’accompagnement
Les professionnels de la construction ont un rôle primordial à jouer, compte tenu de leur vision globale, dans le conseil aux propriétaires. À l’échelle d’un logement, une rénovation en entraîne souvent d’autres.
Devant les multiples difficultés induites par ces travaux, il faut se faire aider de professionnels habitués à coordonner des équipes et à limiter les impacts sur le quotidien. Plus encore quand on s’attaque à des bâtiments ou des ensembles. Les propriétaires ayant le même type de biens ont tout intérêt à prévoir des «opérations groupées».
Lorsqu’une entreprise générale ajuste un projet pour réduire les coûts, il est avantageux pour tous les maîtres d’ouvrage de voir cette solution dupliquée.
Dans un marché de la construction tiraillé entre l’écologie, l’indépendance énergétique et le prix des matières premières, la rénovation fait figure de point de convergence et d’avenir pour tout le secteur qui va au-devant de changements majeurs de son modèle. Cependant, face à l’évolution démographique que connaît notre pays et aux nouvelles typologies d’habitations demandées, nous continuerons toujours, mais différemment, de construire.

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Transition – La rénovation est-elle l’avenir de la construction?
L’urgence climatique justifie cette question, d’autant plus provocante qu’elle est posée par un directeur d’entreprise générale. Le parc immobilier produit un quart des émissions de gaz à effet de serre en Suisse: face à ces bâtiments énergivores se dressent les objectifs de neutralité carbone fixés par le Conseil fédéral pour 2050.