La réponse de BingChat à la question: «Que faut-il retenir des engagements du G7 le 16 avril dernier?» devrait donner des sueurs froides aux organes de presse. Car sa réponse, résumée en 8 lignes avec des liens actualisés vers l’Express, Le Figaro et Corse Matin, sollicite le lecteur à poursuivre la conversation en lui demandant: «Voulez-vous en savoir plus sur les engagements du G7 en matière d’environnement?» Et propose encore une synthèse.
Selon Bloomberg, la grande crainte des éditeurs est que les condensés d’articles proposés par les chatbots soient si bons, que les lecteurs ne sentiront pas le besoin de cliquer plus loin et visiter leur journal pour en savoir plus. Un comportement pouvant entraîner une baisse dramatique du trafic et des revenus publicitaires.
Contrairement aux résultats de recherche typiques, qui relèvent une phrase d’un article et un lien vers un site Web, les services d’intelligence artificielle produisent des réponses plus longues et plus complètes.
Un porte-parole de Microsoft s’est voulu rassurant, en déclarant que l’entreprise collabore avec les organes de presse. «Nous travaillons constamment avec les éditeurs. Et nous avons un grand respect pour le contenu qu’ils produisent».
Les responsables des médias plaident en faveur de modifications dans la législation relative au droit d’auteur concernant le fair use (l’usage loyal), soutenant que des entreprises telles que Microsoft et Google récoltent et exploitent leur travail sans contrepartie.
«Si vous utilisez le contenu de quelqu’un pour entraîner un système de manière à diminuer la valeur de ce contenu, cela ne me paraît pas constituer un usage loyal», a déclaré Dan Check, directeur général du magazine Slate.
Sundar Pichai, PDG de Google, a confié à son tour au Wall Street Journal que Google prévoit d’ajouter des fonctions d’intelligence artificielle conversationnelle à son moteur de recherche phare.
Microsoft ayant déjà intégré la technologie ChatGPT dans Bing, le géant du Web est confronté à la plus grande menace sur ses activités de recherche depuis ses 25 ans d’existence. Les recettes publicitaires restent sa plus grande source de revenus, rapportant 162 milliards de dollars l’année dernière.
De plus, le géant sud-coréen de l’électronique Samsung envisagerait de remplacer Google, installé par défaut sur ses appareils, par Bing. Un contrat qui représente un chiffre d’affaires annuel estimé à 3 milliards de dollars.
Toujours selon le New York Times, un tout nouveau moteur de recherche serait en cours de développement chez Google, au nom de code MAGI qui «offrirait aux utilisateurs une expérience personnalisée sous forme conversationnelle, en essayant d’anticiper les besoins des utilisateurs».
Des changements qui auront un impact colossal sur le fonctionnement économique de l’Internet. Ils affecteront non seulement les médias, mais tous les secteurs de l’économie concernés par l’optimisation des sites Web. Et transformeront radicalement les habitudes de recherche des particuliers.
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Innovation – La presse online face à une nouvelle adversité
Les moteurs de recherche conversationnels sont la dernière menace existentielle à laquelle sont confrontés les médias traditionnels.