Avant d’en arriver à l’action intentée en justice, permettez-moi de digresser un instant pour revenir sur l’euphorie suscitée ces derniers mois par l’IA générative, afin de mettre les enjeux en perspective.
Malgré l’engouement suscité par ces visuels stupéfiants, ce sont les logiciels de rédaction, alimentées par GPT-3 (le plus grand modèle jamais entraîné avec 175 milliards de paramètres), qui auront le plus grand impact sur tous les secteurs de l’économie.
La capacité de générer le langage - écrit et parlé - se révélera bien plus transformatrice que la capacité à produire des visuels. Chaque domaine d’activité, chaque entreprise, chaque transaction commerciale repose sur cette forme de communication.
La première véritable killer app des grands modèles de langage (LLM), en termes d’adoption commerciale, s’est avérée être la rédaction de textes. Ils alimentent déjà des sites web, des articles de presse, des campagnes marketing ou publicitaires et des travaux académiques.
La rédaction assistée par l’IA a donc explosé cette année. Jasper, l’un des plus grands acteurs dans ce domaine, lancée il y a à peine 18 mois, devrait réaliser 75 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2022. Ce qui en fait l’une des start-up logicielle à la croissance la plus rapide de tous les temps.
Mais l’une des applications commerciales les plus prometteuses n’implique pas du tout le langage naturel, mais le langage informatique, omniprésent et indispensable dans le monde moderne.
Dans une étude récente, Google a constaté que les employés qui utilisaient son outil de complétion automatique par IA, réduisaient leur temps de codage de 6%. Et les données récentes de la plateforme d’hébergement GitHub sont encore plus convaincantes: l’utilisation du dernier outil de Microsoft, Copilot, un modèle d’IA GPT-3, peut réduire de 55% le temps nécessaire à un ingénieur logiciel pour effectuer une tâche.
Recours en justice contre une IA pour abus de copyright
Mais il y a quelques jours, un collectif de programmeurs a intenté une action en justice contre GitHub, sa société mère Microsoft et son partenaire technologique OpenAI, pour avoir prétendument violé leurs licences open-source sans attribution appropriée. Ils les accusent d’avoir utilisé leur travail pour former le logiciel d’assistance à la programmation, Copilot.
Ce dernier est une intelligence artificielle qui est capable de générer des lignes de code et de proposer des fonctions entières ou des algorithmes complexes.
Il s’agit de la première grande action en justice concernant l’IA. Les dommages et intérêts potentiels pourraient dépasser 9 milliards de dollars.
L’aspect juridique de l’utilisation des IA se trouve maintenant sur un terrain très préoccupant. L’entraînement des IA de DALL E-2, Stable Diffusion et Jasper se font eux aussi à l’aide de milliards de données aspirées du Web, dont toutes ne sont pas libres de droit.
Les entreprises concernées sont parties du principe que l’exploitation de données massives pour entraîner une IA est couverte aux États-Unis par la doctrine du fair use (l’usage loyal). Et c’est bien sur ce point que la justice devra trancher - avec des conséquences sur le développement futur de l’intelligence artificielle.
Sources: ICT Journal / Le Monde Informatique / New Scientist / The Verge / TechDirt / Vice / Forbes
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Innovation – La première plainte collective contre une IA soulève la question des droits d’auteur
Alimentées par des milliards d’images récoltées sur le Web, les IA génératives telles que DALL-E 2, Midjourney ou Imagen sont sur le point de révolutionner l’industrie graphique. À moins que l’issue d’un procès en décide autrement.