
J’ai lu cela ce matin sur le site d’«Il giornale dell’arte». J’ai pensé que cette histoire vous amuserait. Il me faut cependant fortement la résumer, tant l’article de Fabio Isman (qui propage des nouvelles parues en version française sur www.italy24.press) comprend au départ de méandres à la fois archéologiques, historiques et ecclésiastiques. On croirait lire le chapitre d’un de ces épais romans où le Vatican se voir satanisé pour ses turpitudes. Après tout, le Diable et le Bon Dieu ont peut-être des choses en commun…
Pertes de mémoire
Tout commence par un décès, découvert le 6 janvier par des prêtres inquiets du silence prolongé d’un habitant du Vatican. L’homme qui ne répondait plus était mort apparemment d’une crise cardiaque dans son appartement. Le poison secret des Borgia n’y serait pour rien. Aujourd’hui présenté par la presse transalpine comme un grand vieillard, le cardinal Michele Basso, originaire de Vedelago dans la province de Trévise, n’avait en fait que 80 ans. Mais il aurait été depuis longtemps victime de pertes de mémoire se révélant aujourd’hui bien pratiques. Il n’est aujourd’hui question en Italie que des trente caisses de bois ignifugé contenant sa collection d’œuvres d’art, dont il «ne savait plus trop la provenance». L’ensemble, que le Saint-Siège avait un temps séquestré après une enquête voulue par le pape François, se trouverait aujourd’hui dans un local fermé à clef sous la coupole de Saint-Pierre. Voilà qui commence bien!

Au temps où il se portait encore bien, Michele Basso n’avait jamais voulu parler de ce trésor, comprenant environ soixante-dix pièces. Même à la police, qui l’a interrogé dans le cadre de deux affaires de trafic d’art en 2000 et en 2012. L’ecclésiastique aurait commencé à collectionner dans les années 1990. Mais s’agit-il d’achats, ou de dons reçus en tant que haut prélat? Mystère. Il y a en tout cas parmi les œuvres litigieuses une céramique faisant jaser. Il s’agit d’une seconde version du fameux cratère du Ve siècle av. J.-C., signé par le potier athénien Euphronios. Une pièce exhumée frauduleusement en 1971, puis passée par le marché gris de l’art et aboutie au «Met» de New York qui a fini par la restituer à l’Italie en 2007. D’aucuns assurent (apparemment sans l’avoir vue) qu’il s’agit cette fois d’un faux, remontant au début du XXe siècle. Mais comment copier une œuvre n’ayant pas encore été exhumée? D’autres considèrent qu’il y a eu un lucratif commerce de répliques frauduleuses créées par «des artisans» dans les années 1990. «J’en ai eu entre les mains au moins trois», assure un expert comme il se doit anonyme.
Un don encombrant
Pour cette collection litigieuse, qui comprendrait également des tableaux baroques donnés a Pietro da Cortona ou au Guerchin, le Vatican n’aurait jamais demandé l’avis des services policiers spécialisés italiens comme la Tutela del patrimonio culturale. On ignore quelle sera désormais son attitude, vu que le cardinal Basso prétendait avoir tout donné à la Fabbrica di San Pietro. L’ensemble aurait récemment été vu par le cardinal Pietro Parolin, ce qui n’indique pas grand-chose. Il comprendrait aussi des vases étrusques et italiotes, dont il faudrait déterminer l’authenticité avant même la provenance. On peut espérer en conclusion que le Seigneur y reconnaîtra les siens. En attendant, la presse italienne se régale… avant de passer à autre chose.
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Fait divers – La mort d’un cardinal au Vatican révèle un «trésor»
Michele Basso possédait des tableaux et de l’archéologie à l’authenticité comme à la provenance suspectes. La presse italienne en salive…