Building BridgesLa finance durable face à la réglementation
Les engagements des acteurs financiers en matière de durabilité doivent-ils être encadrés, voire stimulés, par des instances régulatrices ou laissés aux soins des seules lois du marché? Un panel qui s’est tenu mardi dans le cadre du sommet Building Bridges a mis en lumière les divergences d’opinions entre les participants.

«Il y a une opportunité à saisir, le public perçoit l’importance de la nature et la demande est là», a assuré Emma Crystal, en charge de l’investissement durable auprès de Credit Suisse. Selon elle, le défi consiste à trouver des «solutions évolutives» pour répondre à cette demande.
Et de citer à titre d’exemple la présence de la banque aux deux voiles dans le segment des «bluebonds» (titres de dette visant financer des projets liés à la préservation des océans, ndr) en collaboration avec des banques de développement et des détenteurs de capitaux philpanthropiques.
La responsable de Credit Suisse a souligné les vertus de l’autorégulation «dans un contexte plutôt complexe et changeant rapidement», tout en appelant à suivre de près l’évolution du marché.
Insidieuse gratuité
«Il y a une déconnexion considérable entre le prix et la valeur de la nature, qui se traduit par l’incapacité de refléter cela dans la prise de risque financière, car la nature et les services qu’elle fournit sont considérés par le système comme gratuits», constate pour sa part Margaret Kulhow, responsable de la finance durable pour le WWF.
Selon elle, banques centrales et régulateurs ont désormais pris conscience de l’urgence climatique: «il s’agit d’un risque à cinq, voire dix ans, mais certainement plus à vingt ans, auquel le système financier est confronté aujourd’hui».
La fixation correcte du prix de facteurs externes est un vrai défi, a admis Emma Crystal, qui plaide pour un système aussi «simple et aisément compréhensible que possible». Pour la responsable de Credit Suisse, le marché a besoin de preuves tangibles «transaction par transaction» des opportunités que représentent les investissements durables.
«C’est fantastique d’avoir des engagements, des dirigeants et des tests démontrant que ce cadre fonctionne, mais en fin de compte, pour avoir toutes les données nécessaires pour les régulateurs financiers, la société civile, les décideurs politiques, la publication d’informations doit être obligatoire», a plaidé Margaret Kulhow.
Selon elle, les certifications environnementales sont un «bon début» pour comprendre les chaînes d’approvisionnement en particulier, et partant, une «composante essentielle» pour appréhender correctement les risques.
AWP
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