Ce début d’année 2022 aura été épique pour les marchés financiers. On n’aurait pas parié sur une panique induite par l’inflation, suivie par une guerre. Un bref instant, on a bien cru que le marché allait y rester.
Vers le milieu du mois de mars, au paroxysme des tensions entre Ukrainiens et Russes et à peu près au moment où le président Zelensky commençait à utiliser le terme de «Troisième Guerre mondiale», les indices se sont effondrés pour entrer dans ce que l’on appelle un «bear market». Un terme largement utilisé dans les salles de trading pour décrire des indices qui ne font que baisser.
Les yeux fixés sur le baril
C’est à ce moment très précis que le pétrole s’envolait et que l’on commençait à envisager sérieusement de se mettre à la trottinette électrique. Il faut dire qu’à 130 dollars le baril, faire le plein d’essence est devenu une torture dont on se passerait bien.
Au milieu de cette tempête historique, on commença à se rendre compte que le blé coûtait de plus en plus cher, que le nickel explosait et que, du coup, tous les fabricants de voitures électriques étaient également obligés de monter leurs prix.
Il y avait donc une justice automobile sur cette Terre. Alors que les propriétaires de voitures à essence se faisaient assassiner à la pompe, les détenteurs de voitures électriques allaient payer leur électricité plus chère et même leurs voitures plus chères.
Si vous vous étiez réveillé d’un coma profond de deux ans au beau milieu du mois de mars 2022 et que l’on avait pris le temps de vous expliquer le Covid, l’inflation, la Réserve fédérale américaine qui perd le contrôle de cette dernière et Poutine qui perd le contrôle de ses nerfs, il n’y aurait pas eu besoin de réfléchir trop longtemps pour paniquer.
Les marchés sont formidables
C’était compter sans cette capacité phénoménale des bourses mondiales à se retourner au moment où on les attend le moins. À l’instant où l’on est tenté de rendre les armes et de retourner faire pousser des chèvres en Ardèche. Et surtout, pour la raison la plus incroyable: la hausse des taux.
En effet, instinctivement lorsque l’on nous parle de hausse des taux, on se dit que ce n’est pas bon pour les actions et que l’on va se faire taper dessus. Sauf que cette fois, on en avait tellement parlé avant, on avait tellement fait des théories sur ce que Jerome Powell allait faire, que lorsque le patron de la Banque centrale américaine a commencé à dérouler son plan, les investisseurs sont tombés en pâmoison devant lui. Un peu comme s’il avait commencé à marcher sur l’eau en multipliant les bagels sur les rives du Potomac.
Des visionnaires
Ça n’est pas tant le fait que la Fed ait décidé de monter les taux qui a motivé les bourses mondiales, mais plutôt le fait qu’elle avait un plan. Ils n’ont pas fait les choses à moitié: ils ont tout annoncé pour les trois prochaines années. Sept hausses sont prévues en 2022, quatre en 2023 et une année sans rien faire en 2024. Les marchés, qui ADORENT qu’on leur dise à l’avance ce qui va se passer, se sont emballés et ont oublié momentanément la tempête parfaite dans laquelle nous nous trouvons.
Pour faire simple, la Fed s’est totalement plantée sur l’inflation depuis six mois et là, tout d’un coup, elle est capable de prédire ce qui va se passer sur les trois prochaines années. Personne ne s’interroge? Moi si. Et tant qu’ils ne me montreront pas la DeLorean de «Retour vers le futur» avec Marty McFly dedans, j’aurai toujours un doute.
Thomas Veillet est CIO de Merion Swiss Partners

CIO, Merion Swiss Partners
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La finance décomplexée – La Fed, pourfendeur de l’inflation
Le patron de la Banque centrale américaine a rassuré les marchés en annonçant tout ce qui va se passer les trois prochaines années. Qui peut y croire?