Cercle suisse des administratrices«La diversité, ce n’est pas qu’une question de genre»
Le prix du Cercle suisse des administratrices (CSDA) a distingué trois organisations cette année: une grande entreprise, Firmenich, la PME Laurastar et la Fondation Terre des hommes.

Édition record avec 36 candidatures déposées cette année, soit six de plus que l’an dernier. «Ce prix montre que de plus en plus d’entreprises recrutent des administratrices ou des dirigeantes», détaille Marie de Fréminville, présidente du Cercle. Cette année, on salue notamment l’environnement de travail inclusif, l’égalité salariale et la mise en place systématique de viviers de talents diversifiés chez Firmenich. La diversité va en effet au-delà d’une égalité numérique entre hommes et femmes: «Ce n’est pas qu’une question de genre. Il s’agit aussi de diversité des profils. Cela contribue à une bonne gouvernance», analyse Marie de Fréminville. Selon elle, quand un conseil d’administration cherche à se diversifier, c’est l’occasion d’y faire entrer de nouvelles compétences.
Concernant Laurastar, l’égalité des chances et la promotion de la diversité au travail ont séduit le jury. D’autant plus que l’égalité salariale est pratiquée depuis la création de l’entreprise et que le conseil d’administration a toujours été composé d’au moins 40% de femmes. Quant à la Fondation Terre des hommes, elle valorise les différences et célèbre la diversité et l’inclusion dans toutes ses activités.
«En allant à la rencontre des entreprises, on sent si la diversité est quelque chose d’important ou si c’est juste une sorte de «gender washing.»
Afin de faire la sélection la plus honnête possible, les membres du jury ont privilégié cette année une démarche active et ont interviewé les entreprises: «Ainsi, ce n’est pas juste une entreprise qui dépose un dossier, explique Marie de Fréminville, présidente du Cercle. En allant à leur rencontre, on sent si la diversité est quelque chose d’important ou si c’est juste une sorte de gender washing. La qualité des candidatures des huit finalistes était d’ailleurs excellente.»
Le prix du Cercle suisse des administratrices récompense des entreprises qui répondent à quatre critères. Elles doivent compter 30 personnes au minimum; la direction doit être composée d’au moins 20% de femmes; le conseil d’administration ou de fondation doit réunir au minimum cinq membres, dont au moins 30% de femmes. En décernant ces prix, le Cercle cherche à sensibiliser les entreprises, institutions, fondations, la presse, le monde politique et le grand public à la question de la diversité au sein des conseils et des directions d’entreprises.
Pas de la figuration
Malgré les progrès constatés, le chemin vers l’égalité homme-femme est encore long. En Suisse, la proportion de femmes est plus petite au sommet de la hiérarchie qu’en bas. En 2022, elles sont 25% dans l’encadrement intermédiaire et 13% au niveau de la direction selon le rapport Guido Schilling, mené auprès des plus grandes entreprises du pays. Cependant, la diversité progresse. Depuis 2019, la proportion de femmes a augmenté de 1 à 3%, tous niveaux d’encadrement confondus. «Les grandes entreprises dessinent la tendance et les autres suivent, observe Marie de Fréminville. Elles le font aussi pour leur image parce qu’aujourd’hui, ça choque de voir une direction ou un conseil d’administration composé uniquement d’hommes.» Malgré cela, 45% des entreprises étudiées dans le rapport Schilling ne comptent aucune femme à la direction.

Le Cercle est également dans une démarche d’inclusion. Marie de Fréminville souligne l’importance de donner la parole aux femmes et de les écouter. «Le but, ce n’est pas juste d’afficher un conseil d’administration avec des hommes et des femmes, il faut faire vivre la diversité», ajoute-t-elle.
Mais comment faire changer les mentalités? «Les femmes doivent oser challenger les hommes et prendre la parole. Elles doivent croire en elles», lance Marie de Fréminville. Le Cercle se donne pour mission de rendre les femmes visibles. Il met aussi en place des ateliers destinés à apprendre et entraîner les femmes à parler en public ou à s’exprimer face aux médias. Marie de Fréminville note également l’importance, dans ce milieu, de se constituer un bon réseau. Une activité qui prend du temps et que les femmes doivent pouvoir intégrer à leur emploi du temps.
«À titre personnel, je dirais aussi que beaucoup de choses se jouent à la maison et dans l’éducation, conclut la présidente du Cercle. Il faut un équilibre dans la vie familiale et il faut élever les filles en leur montrant qu’elles peuvent avoir autant d’ambitions que les garçons.»
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