Les données sur les salaires et les prix, plus fortes que prévu en janvier et février, ont augmenté les attentes de hausse des taux de la BCE et de la Fed.
Après l’annonce de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), les hausses de taux attendues ont toutefois été revues significativement à la baisse car le durcissement monétaire semble fragiliser le bilan de certaines banques régionales américaines. Néanmoins, les banques centrales ne devront pas perdre de vue leur objectif d’inflation.
Zone euro
En février, les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 8,5% sur un an par rapport à 8,6% le mois précédent. Les analystes s’attendaient à un taux d’inflation de 8,2%, sous-estimant ainsi la persistance de la hausse des prix. Le taux d’inflation de base, qui exclut du calcul les biens sensibles aux fluctuations comme le secteur de l’énergie, a également été sous-estimé et a augmenté à 5,6%. Le mois dernier, le taux d’inflation de base était encore de 5,3%.
C’est la raison pour laquelle le pic attendu des taux d’intérêt dans la zone euro début mars avait été repoussé et se situait entre-temps à 3,9% en décembre. Mais après la faillite de la SVB, qui est également due aux hausses rapides et inattendues des taux d’intérêt de la Fed, on peut toujours s’attendre au durcissement monétaire par les banques centrales.
Pour la prochaine décision sur les taux d’intérêt, Christine Lagarde avait certes laissé entrevoir une hausse de 50 points de base à 3,5%, mais entre-temps, les investisseurs ne s’attendent plus qu’à une hausse de 25 points de base. Les banquiers centraux de la BCE n’ont jusqu’à présent pas précisé la manière dont ils comptaient procéder par la suite.
Dans son discours, l’économiste en chef Philip Lane a montré que la croissance des salaires, les coûts liés à l’alimentation et l’évolution du marché du travail indiquaient une pression inflationniste plus forte. Il a également évoqué des lueurs d’espoir, comme la diminution de la pression sur les prix du côté de l’énergie. Mais après la faillite de la Start-up Bank, la BCE voudra elle aussi empêcher des développements comparables dans d’autres banques.
États-Unis
Aux États-Unis, en janvier, le taux d’inflation était de 6.0% et le taux d’inflation sous-jacente de 5,5% en février.
Les données du marché de l’emploi, toujours aussi solides, avec une augmentation de 311 000 salariés (hors secteur agricole) en février, n’indiquent pas non plus une baisse rapide des taux d’inflation aux États-Unis. Mais c’est surtout l’indice ISM, qui reflète la variation des prix payés par les représentants de l’industrie pour les produits ou services qu’ils achètent, qui est préoccupant. En effet, contrairement aux attentes générales, l’indicateur d’inflation est passé de 44,5 à 51,3, ce qui indique une nouvelle hausse des prix.
Les banquiers centraux, en particulier, suivent ces évolutions avec vigilance et ressentent le besoin d’agir. Devant le Sénat américain à Washington, le président de la Fed, Jerome Powell, a laissé entendre que la Banque centrale pourrait éventuellement relever les taux d’intérêt plus que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
En effet, les pressions inflationnistes sont plus élevées que ce qui était prévu lors de la dernière réunion du FOMC. En réaction aux taux d’inflation persistants et au discours d’avertissement de Powell, le point culminant des taux d’intérêt anticipé par les investisseurs est passé à 5,7%. Entre-temps, les analystes prévoyaient des hausses de taux jusqu’à 6%.
Mais la faillite de la SVB a provoqué un revirement des hausses de taux anticipées par les investisseurs. Pour la prochaine décision sur les taux d’intérêt, le 22 mars 2023, les investisseurs ne s’attendent plus à une hausse des taux. En outre, les investisseurs prévoient des baisses de taux de 25 points de base en juin, juillet et novembre.
Si les deux banques centrales répondent aux attentes en matière de taux d’intérêt, la Fed aura déjà atteint son point culminant, tandis que la BCE augmentera ses taux directeurs de 75 points de base (3 fois 25 points de base) d’ici le troisième trimestre 2023.
La divergence attendue des hausses de taux d’intérêt devrait (i) augmenter la pression sur le dollar par rapport à l’euro et (ii) soutenir la surperformance des obligations européennes par rapport aux obligations.
*Article co-rédigé avec Cécile Buchholz

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Décryptage – La discipline monétaire des banques centrales est mise à rude épreuve
Le 16 mars, la Banque centrale européenne (BCE) annoncera sa décision sur les taux d’intérêt. Le 22 mars, ce sera au tour de la Réserve fédérale (Fed).