Empire du MilieuLa Chine affrontera un fort ralentissement du PIB au 2e trimestre
La deuxième économie mondiale a du mal à se remettre des séquelles de sa politique de tolérance zéro vis-à-vis de la circulation du Covid.

La Chine devrait annoncer vendredi pour le deuxième trimestre l’une des croissances les plus faibles depuis 2020, en raison des restrictions sanitaires et d’une crise dans l’immobilier qui ont lourdement pénalisé l’activité.
En avril, la capitale économique Shanghai a été totalement confinée pour deux mois, pour enrayer la pire flambée de Covid-19 en Chine depuis le début de l’épidémie.
Un confinement similaire a un temps été envisagé en mai à Pékin, la capitale et le cœur du pouvoir politique.
Ces mesures ont porté un rude coup à l’économie, avec nombre d’entreprises, d’usines et de commerces contraints de cesser leur activité, et des chaînes d’approvisionnement sous tension.
Un groupe de douze experts interrogés par l’AFP table en moyenne sur une hausse de 1,6% sur un an du Produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période avril-juin.
Le chiffre officiel sera dévoilé vendredi avec d’autres indicateurs économiques.
Au trimestre précédent, le PIB de la Chine avait progressé de 4,8% sur un an, en deçà de l’objectif de 5,5% fixé cette année par Pékin.
Au deuxième trimestre, «les confinements ont eu un effet négatif important» sur l’économie, souligne l’analyste Teeuwe Mevissen, de la banque Rabobank.
«Problème majeur»
Le géant asiatique continue d’appliquer une stricte stratégie sanitaire contre le Covid-19, au nom notamment de la protection des plus âgés, qui sont relativement peu vaccinés.
Ces mesures comprennent des quarantaines ou encore des confinements ciblés dès l’apparition de quelques cas, qui pénalisent activité et déplacements, et pèsent sur la consommation.
Résultat: certains économistes s’attendent pour la première fois depuis 2020 à une contraction du PIB sur un trimestre.
D’autant que le secteur immobilier, qui avait servi de moteur à la reprise après la première vague épidémique, est «toujours dans les limbes», relève M. Mevissen.
L’immobilier a longtemps été un pilier de la croissance en Chine, galvanisé par la hausse du niveau de vie de la population et par une frénésie d’achats, dans un pays où l’acquisition d’un bien immobilier est souvent un prérequis au mariage.
Mais les incertitudes liées au Covid-19 -qui pénalisent l’activité et pèsent sur le revenu des ménages-- refroidissent les acheteurs, au moment où de nombreux groupes immobiliers en Chine sont en difficulté financière.
Depuis la levée du confinement de Shanghai début juin, l’économie chinoise retrouve néanmoins des couleurs, observe l’analyste Tommy Wu, du cabinet Oxford Economics.
Mais la consommation restera encore fragile à court terme, prévient-il, arguant du risque de nouveaux confinements dès l’apparition sporadique de cas positifs.
Objectif incertain
Ces derniers jours, un nouveau rebond épidémique fait craindre le retour de restrictions, en particulier dans une importante région manufacturière dans l’est de la Chine.
Le variant Omicron reste un «problème majeur pour l’économie chinoise», estime l’économiste Ting Lu, de la banque Nomura.
Alors que certaines voix plaident pour un assouplissement des mesures sanitaires pour soutenir l’économie, le président chinois Xi Jinping martèle le bien-fondé de sa politique dite du zéro Covid.
«Mieux vaut de petites répercussions temporaires pour le développement économique que d’affecter la sécurité et la santé de la population», a estimé l’homme fort de Pékin en juin.
Dans ce contexte, bon nombre d’économistes estiment que la Chine aura du mal à atteindre son objectif de croissance cette année.
La Banque mondiale a déjà revu à la baisse ses prévisions pour le géant asiatique, à 4,3%.
Quant au groupe d’experts interrogés par l’AFP, il table en moyenne sur une hausse de 3,9% du PIB de la Chine cette année, contre 8,1% en 2021.
Il s’agirait alors de son rythme le plus faible en quatre décennies, hors période de Covid.
AWP
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