God Save the QueenLa BoE n’entend pas se laisser marcher sur les pieds
La Banque d’Angleterre défend son statut et son action face aux critiques de Liz Truss, nouvelle Première ministre britannique qui remplace Boris Johnson depuis ce lundi.

L’indépendance de la Banque d’Angleterre (BoE) pour atteindre son objectif d’inflation est «très important» et son statut actuel est adapté pour lutter contre l’inflation galopante, a jugé son gouverneur mercredi, répondant aux critiques de la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss.
M. Bailey a rappelé lors d’une audition de membres du Comité de politique monétaire (MPC) au Parlement britannique que le Royaume-Uni était «lourdement exposé» à la flambée des prix du gaz en raison de sa dépendance à cette source d’énergie, dont l’offre est plombée par la guerre en Ukraine et la limitation des exportations russes.
L’inflation qui dépasse 10% l’an au Royaume-Uni fait plonger le pouvoir d’achat des Britanniques et Mme Truss a envisagé durant la campagne un examen du statut de la BoE, qui établit son indépendance depuis 1997.
Si la BoE remonte ses taux à chaque réunion depuis fin 2021, soit plus tôt que la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE), certains observateurs estiment qu’elle aurait dû agir plus vite et plus fort.
Le nouveau Chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwarteng a cependant écrit à la veille de la victoire de Mme Truss qu’il n’était pas question de revenir sur l’indépendance de la BoE.
La BoE, sous le régime actuel, «doit faire son travail face à un choc énorme, et est en mesure de le faire», a répondu M. Bailey: «La question d’un examen du statut a été évoquée. Je dirais que ce n’est pas la preuve que le régime est un échec, mais il y a toujours des choses à apprendre».
Selon ce statut, le gouvernement fixe l’objectif de la Banque, actuellement une inflation de 2%, et nomme les membres du MPC, qui décident ensuite de façon indépendante de la politique monétaire adaptée pour l’atteindre.
Le chef économiste de la BoE Hew Pill, interrogé par des parlementaires à la même occasion que M. Bailey, a été plus incisif: «C’est le moment de rappeler l’importance de notre objectif d’inflation, pas d’envisager une déviation et un nouveau régime».
Alors que la livre britannique s’approche de niveaux plus vus depuis 1985, les prévisions catastrophiques d’analystes se multiplient, et M. Hew a été interrogé sur celles de son ancien employeur, Goldman Sachs, qui évoque le scénario possible d’une inflation à plus de 22%.
«Cela montre l’incertitude» qui règne sur le marché, a-t-il répondu: la flambée des prix du gaz mais également l’impossibilité de prévoir la politique gouvernementale avec précision dans les dernières semaines, en pleine campagne au Royaume-Uni, a exacerbé la volatilité.
Contrairement à certains pays européens, le Royaume-Uni n’a pour l’instant pas mis de limite aux prix du gaz pour les consommateurs, ce qui explique en partie que le Royaume-Uni connaît l’inflation la plus élevée des pays du G7.
Maintenant que le gouvernement de Mme Truss envisage de telles mesures, «cela réduirait à court terme l’inflation telle que nous la prévoyions», c’est-à-dire avec un pic à 13% sur un an en octobre, a estimé M. Pill.
Il a en revanche refusé de commenter l’effet qu’elles auraient à plus long terme, alors que des économistes s’inquiètent des effets d’un envol de la dette gouvernementale.
M. Bailey a pour sa part confirmé que la BoE estime une récession probable au Royaume-Uni en 2023.
AWP
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