Lutte contre l’inflationLa BNS remonte son taux directeur de 50 points de base
La BNS table désormais sur un renchérissement à 2,8% pour 2022, contre 2,1% jusqu’ici. Sans le relèvement de taux décidé aujourd’hui, la prévision d’inflation serait nettement plus élevée indique la BNS

La banque centrale suisse resserre sa politique monétaire pour la première fois depuis 2015, en relevant son taux directeur d’un demi point tout en le maintenant en terrain négatif à -0,25%, afin de contrer l’inflation, annonce-t-elle jeudi.
«Il n’est pas exclu que de nouveaux relèvements de taux soient nécessaires dans un avenir proche pour stabiliser à moyen terme l’inflation», a prévenu la Banque nationale suisse (BNS) dans un communiqué, rompant avec la ligne qu’elle appliquait depuis plus de sept ans pour limiter la pression sur sa monnaie. Ce resserrement de taux, qui s’appliquera aussi aux avoirs que doivent lui confier les banques et institutions financières, s’appliquera à compter du 17 juin.
La Suisse moins touchée grâce au franc
La BNS table désormais sur un renchérissement à 2,8% pour 2022, contre 2,1% jusqu’ici. «Sans le relèvement de taux décidé aujourd’hui, la prévision d’inflation serait nettement plus élevée», précise la BNS. Elle table toujours sur une croissance du PIB d’environ 2,5% pour 2022 tandis que le chômage devrait rester faible.
L’inflation en Suisse est nettement moins forte que dans la zone euro ou aux Etats-Unis grâce à la force du franc suisse qui jusqu’à présent a permis d’atténuer le renchérissement des produits importés. Mais depuis février, elle dépasse l’objectif de la BNS qui fixe le seuil de stabilité des prix entre 0% et 2% et a accéléré mois après mois. En mai, elle a grimpé à 2,9%. Mais comme à l’étranger, «des risques importants grèvent les prévisions pour la Suisse». «Une perturbation de l’approvisionnement énergétique en Europe pourrait affecter sensiblement l’économie de notre pays», a-t-elle argumenté.
Dans une interview accordée à Bilan en mai, Andréa Maechler avait averti que la BNS n’hésiterait pas à resserrer la politique monétaire. C’est chose faite au lendemain des actions entreprises par la FED – hausse de 0.75% – et de la BCE qui a annoncé mercredi un nouvel outil d’intervention pour lutter contre la fragmentation de la zone euro, face à l’écart grandissant entre les taux d’emprunt de l’Allemagne, pays jugé le plus sûr financièrement, et ceux des pays plus fragile.
Intervention sur le marché des changes
La Banque nationale suisse indique également ce jeudi rester disposée à être active au besoin sur le marché des changes, à l’occasion d’un examen de politique monétaire qui l’a vue relever pour la première fois son taux directeur depuis 2015. Le garant de la stabilité monétaire ne livre par contre dans son communiqué aucune appréciation sur la force du franc face à l’euro ou au dollar.
AWP et Bilan.ch
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