État des lieux
Par exemple, la porte-parole de la Maison blanche a récemment déclaré qu’une inflation au-dessus de 7% ne serait pas surprenante, ce qui est, semble-t-il un pic depuis quarante ans. L’Europe n’est pas en reste avec une inflation de 5% per annum dans la zone euro pour l’année 2021, la plus élevée depuis vingt-cinq ans.
On le voit, la situation est exceptionnelle. Quelles en sont les causes et comment l’épargnant ordinaire peut y remédier, afin de ne pas voir ses revenus financiers être complètement grignotés par ladite inflation ?
Causes
La première cause : trop d’argent (en circulation) ! Les accusés, bien que présumés innocents : les banques centrales bien évidemment. En effet, suite notamment à la crise des subprimes et le credit crunch qui s’en est suivi, certains états ont commencé à créer/imprimer énormément de devises.
A cet égard, un article détaillé du Financial Times du 22/23 janvier 2022 est très instructif. Il résume un livre écrit par un journaliste économique, Christopher Leonard, intitulé the Lords of easy Money. Dans celui-ci, apprenons-nous dans cet article, l’auteur cite abondamment Thomas Hoenig, banquier central du Kansas, qui fut l’un des seuls à s’opposer à la décision de quantitative easing des autorités monétaires américaines en 2010, destinée à trouver une solution à la crise financière de 2008. L’auteur, Leonard, rapporte que la création de quantités astronomiques d’argent par la Fed américaine n’était rien d’autre qu’une expérience de politique monétaire, dont les conséquences n’étaient pas anticipées. Elles n’avaient de plus pas été testées dans l’histoire de l’humanité. Il rappelle également que la Fed est tant une « agence gouvernementale » qu’une banque en mains privées, qui peut, à ce dernier titre, avoir des intérêts lucratifs ou commerciaux.
On le comprend : cette énorme inflation dans certains pays, notamment les très endettés n’est semble-t-il en rien une manœuvre savamment orchestrée et calculée, mais bien une expérience très hasardeuse, qui a rapidement mal tourné, au point de devenir hors de contrôle !
Très intéressant me direz-vous, mais que fait-on, concrètement ?
Mesures économiques et juridiques
Les gouvernements se rendent finalement à l’évidence : il convient maintenant de contenir cette inflation galopante. En effet, dans l’hypothèse inverse, et cela a été le cas pendant ces dernières années, les actifs financiers, surtout les obligations, basés sur les taux directeurs des banques centrales, négatifs ou proches de zéro, ne rapportent quasiment plus rien. Or, c’est un énorme problème au moment où la vie s’allonge toujours plus : il faut financer les retraites.
Par conséquent, et après de longues années de relative inaction, les banques centrales utilisent enfin les instruments de choix afin de diminuer l’inflation, principalement (i) le quantitative tightening, soit l’inverse du quantitative easing, et (ii) la hausse des taux d’intérêts directeurs. De nombreuses banques pensent que la Fed va relever, en plusieurs fois, le taux directeur US entre 125 et 175 points de base au cours de 2022.
Produits d’investissement à utiliser
Afin de ne pas trop dépendre des jeux de politique économique des « grands de ce monde », l’investisseur ordinaire peut – et devrait sans doute – utiliser des moyens de finance de marché, afin de se protéger de l’inflation qui peut, si elle reste élevée, le priver de revenus du capital en termes réels.
On peut penser à divers produits d’investissement qui sont adaptés à ce contexte d’inflation.
Par exemple, les inflation-linked bonds. Tel qu’expliqué par un site français , « ce placement s'adresse spécifiquement aux investisseurs qui souhaitent se prémunir contre la hausse des prix. Depuis 1998, l'Etat français émet par exemple des obligations assimilables du Trésor indexées sur l'indice des prix à la consommation en France ».
Des produits plus complexes sont ensuite construits sur la base de tels placements, comme de très nombreux placements collectifs investissant dans les inflation-linked bonds ou encore des produits structurés adossées auxdits instruments.
Caveat et recommandation
Attention toutefois, ces produits, lorsqu’ils sont complexes, peuvent parfois ne pas être très compréhensibles pour un non-spécialiste. Par exemple, leurs frais (tels que commissions d’achat ou de vente) peuvent ne pas forcément être remarqués de façon évidente de prime abord.
Une mention spéciale est due aux usual suspects que sont les rétrocessions (soit les extras reçus par des intermédiaires de façon indirecte). En effet, même si, depuis une riche et désormais classique jurisprudence de notre Cour suprême (commencée en 2006 déjà) qui oblige, chaque fois un peu plus, à préciser les termes et la quotité des rétrocessions reçues et gardées, de nombreux intermédiaires n’en prélèvent plus (la création de classes d’investissement retro free ayant semble-t-il augmenté), les rétrocessions existent encore bel et bien.
Or, non seulement la jurisprudence précitée mais depuis récemment une loi, j’ai nommé la Loi fédérale sur les services financiers (article 26), obligent à déclarer tout cela de manière de plus en plus détaillée.
Par conséquent, afin que les deux parties à la relation (le client et le gérant/conseiller) soient complètement satisfaites, il importe que tout frais et toute rétrocession soient indiqués clairement, autant que faire se peut, en conformité avec les règles susmentionnées. Ce faisant, le client renoncera en pleine connaissance de cause aux rétrocessions et acceptera ainsi que son gérant les conserve en rémunération additionnelle de ses bons et loyaux services. C’est la meilleure solution afin que la relation de confiance soit nourrie et perdure.
En conclusion, afin de protéger vos portefeuilles d’investissement contre l’inflation, n’hésitez pas à utiliser toutes les subtilités et les sophistications que la science financière moderne a créées, mais, les bons comptes faisant les bons amis, dicton que nos Pouvoirs judiciaire et législatif appliquent également, n’oubliez pas de vous entendre pleinement et à l’avance s’agissant du coût réel de votre inflation-linked bond ou autre instrument « anti-inflation » !
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Finance – Inflation galopante : causes et solutions
On le voit partout, dans tous les médias, financiers ou non, l’inflation, notamment aux Etats-Unis et dans certains pays européens, a pris des proportions épiques.