
Cela peut sembler incroyable. J’ai pourtant lu cela, il y a quelques jours sur le site de «Il Giornale dell’arte», qui le tenait lui-même d’Associated Press. Une maison en principe plutôt sérieuse. Or donc, le Musée de Kaboul aurait rouvert ses portes, fermées en août dernier. Comme preuves, AP a diffusé des images montrant les lieux gardés par des milices talibanes. Une autre photo représentait le conservateur Mohammad Name Noorzai restaurant un objet antique en céramique. Le directeur Mohammad Fahim Rahimi resterait enfin en place.
Evidemment, selon l’agence, tout ne se déroule pas sous les meilleurs auspices. Le musée, qui conserve un patrimoine allant du paléolithique au XXe siècle, reste accessible selon un horaire mystérieux. Nul ne sait quand son site se voit remis à jour. Il y a, comme partout dans la capitale, de fréquentes coupures de courant. Le personnel n’est pas payé. Mais il faut voir là une déclaration d’intention. On se souvient du sac pratiqué à coups de masses par les talibans de la génération précédente en 2001. L’actuel gouvernement, qu’aucun pays ne reconnaît officiellement, tente donc une opération de séduction. Il a tant besoin d’aide humanitaire. L’agence de presse étatique actuelle Khamaa a publié une déclaration à ce sujet. «Le Ministère de l’information et de la culture des talibans s’engage à gérer et à préserver les sites culturels et les antiquités historiques et les monuments de l’Afghanistan.» Enfin, ce qui en subsiste… Il semblerait que la moitié ait disparu à la fin du XXe siècle. Notons cependant, que dans un effort teinté d’angélisme, de nombreuses restitutions d’œuvres dispersées alors ont été effectuées par des Occidentaux depuis 2002.
Un appel de l’ONU
Qu’en penser? Il y a tout de même de quoi rester vigilants. Depuis qu’ils sont revenus au pouvoir, les talibans multiplient les restrictions, mais par paliers. Il n’y a qu’à voir leur attitude vis-à-vis des femmes. Elles perdent chaque semaine ou presque un droit par-ci. Un droit par-là. La dernière mesure en date les excluait ainsi des bains publics. Il s’agit de ne pas heurter les autres pays, alors que l’Afghanistan attend des subsides. Hier, l’ONU a ainsi proposé de lever quatre milliards (une paille à l’heure actuelle…) qui se verraient gérés, non par le gouvernement mais par des ONG. De l’angélisme encore une fois? Ou l’idée qu’éviter une terrible famine pouvant toucher la moitié de la population passe-t-elle avant tout? Cela dit, si ma mémoire est bonne, un certain Staline a déjà utilisé la famine comme politique. En Ukraine notamment. Alors?
Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la "Tribune de Genève", en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.
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Politique culturelle – Incroyable mais vrai. Le musée de Kaboul a rouvert
La nouvelle est diffusée par Associated Press. Les talibans font une opération de séduction alors qu’ils ont un urgent besoin d’aide humanitaire.