
On n’a pas tous les jours cinquante ans. Surtout si le jubilé concerne la galerie que l’on a lancée. C’est ce qui arrive aujourd’hui à François Ditesheim, qui a fondé à Neuchâtel sa maison en 1972. Le Chaux-de-Fonnier avait alors 34 ans. Faites le calcul. L’établissement se trouvait à la rue des Terreaux. L’homme venait de quitter l’usine familiale de montres Movado, née en 1881. C’était une création des frères Ditisheim (avec «i»), qui ont aussi mis sur pied Vulcain en 1858 et Solvil & Titus en 1892. «E», «i». J’avoue que ce problème de voyelle me trouble un peu.
Au début, les arts graphiques
Avant de franchir le pas, François Ditesheim avait suivi un stage au Cabinet des estampes du Kunstmuseum de Bâle, alors géré par Dieter Koepplin. Il pensait ouvrir une galerie spécialisée dans les arts graphiques. La maison a passé à la peinture et à la sculpture en 1977. La chose a impliqué un déménagement. Il lui fallait un espace plus vaste. Celui-ci a été trouvé rue du Château, dans une artère bien pentue. C’est là que l’enseigne se trouve toujours, mais avec deux noms. Patrick Maffei a rejoint François Ditesheim en 2005. Il en est devenu l’associé huit ans plus tard. Le changement de génération s’était opéré en douceur. Les choses se sont moins bien passées quand le Neuchâtelois a fait équipe à Genève dès 1989 avec le volcanique Jan Krugier. Je me demande du reste parfois comment un homme aussi paisible et plein d’humour a pu tenir le coup pendant des années avec une personne aussi explosive…
Des choix sérieux
Au fil du temps, François Ditesheim, qui avait toujours conservé sa galerie neuchâteloise, a organisé chez lui 301 expositions. Ce record n’est selon moi battu que par Joseph Farine à Genève dans soin laboratoire Andata ritorno. Il a participé à de nombreux salons, dont Art/Basel au temps où cette foire n’avait pas encore pris le virage de l’ultra-contemporain. La semaine prochaine, il sera ainsi avec Patrick Maffei à Fine Arts Paris-La Biennale au Carrousel du Louvre. On le voit chez nous à Artgenève, où l’homme a ses habitudes. Il y présente des artistes de type classique, sans «bling bling». Nous sommes dans une maison sérieuse comme en témoigne le choix des artistes représentés, souvent pas tout jeunes. Ils vont de Geneviève Asse à Rolf Iseli, de Zoran Music à Miklos Bokor et d’Erik Desmazières à Irving Petlin. Les amateurs peuvent du reste le vérifier en ce moment. La galerie présente vingt-trois de ses «poulains» jusqu’au 10 novembre avant de passer aux œuvres récentes du dessinateur Laurent Wolf.
Ouverture le 19 novembre
François Ditesheim a un côté généreux. Il a ainsi doté les musées La Chaux-de-Fonds et du Locle. Il vient d’offrir au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel pour son jubilé un important ensemble composé d’œuvres réalisées par vingt et un des artistes qu’il a soutenus. Il y a là des pièces de Geneviève Asse, de Raymond l’Epée, de Rolf Iseli ou de Zoran Music. L’institution organisera une exposition pour présenter ce don. Elle sera ouverte dès le 19 novembre. L’accrochage durera jusqu’au 22 février 2023. Il occupera une grande salle au rez-de-chaussée et une autre au premier étage. Je viens de vous parler de cet autre MAH à l’occasion d’une présentation de céramiques contemporaines. Je vous ai dit que ce lieu, à la direction tricéphale, connaissait selon moi des problèmes d’organisation et de fréquentation. On verra bientôt l’impact sur lui d’une telle donation.
Pratique
Informations www.mahn.ch
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Neuchâtel – François Ditesheim fête ses 50 ans de galeriste
L’homme est aujourd’hui associé à son benjamin Patrick Maffei. Il vient de faire un don important au Musée d’art et d’histoire de sa ville.