L’annonce de la fusion de l’entreprise familiale avec  Royal DSM (Dutch State Mines) a suscité interrogations et craintes. L’inauguration le 11 octobre dernier d’un Campus Firmenich à 200 millions de francs, qui allie usines, pavillon biotech et autres  hangars automatisés amène des garanties. Firmenich est toujours fermement ancrée dans le canton qui l’a vu naître et devenir un géant mondial. «C’est une journée de joie et de fierté, nous allons vous faire visiter le plus grand centre de recherche au monde de notre industrie», indiquait Gilbert Ghostine, PDG de Firmenich lors des portes du campus de la Bergère sur la commune de Satigny.

Ce «campus Firmenich» n’abrite pas des étudiants mais 1450 employés, regroupés sur deux communes genevoises. Et parmi eux, certains des plus grands scientifiques, créateurs de parfums et de goûts, techniciens et opérateurs du monde. À Satigny (1250 employés) et à La Plaine (200 employés), ce sont plus de 200 familles de métiers différents et 73 nationalités qui œuvrent pour faire de Firmenich la plus grande société privée de parfums et de saveurs du monde.

Le nouveau campus de Genève a été construit en plusieurs phases à partir de décembre 2017, et l’aménagement final a été réalisé en février 2021. Près de 200 millions de francs suisses ont été investis. Il n’est inauguré que maintenant pour cause de Covid…

La superficie totale de ce campus est de 225’000 m². Il héberge des infrastructures d’une superficie totale de 132’000 m², dont 22’000 m² de nouveaux espaces de travail. On y trouve trois usines de production à la pointe de la technologie, ainsi que des laboratoires dédiés à la création de parfums, d’arômes et d’ingrédients. Parmi les nouveautés, une plateforme logistique et un entrepôt automatisé. Ainsi qu’une usine pilote de recherche et développement en biotechnologie.

65 km de tuyaux

L’usine de parfums est la plus grande du monde. Dans un de ses hangars, on découvre une immense étendue de bidons reliés à des tuyaux. Moins glamour qu’une parfumerie à Paris, certes, mais c’est ici que la majorité des parfums mondiaux sont conçus. François Rohrbach, directeur général pour la Suisse de Firmenich, explique que si l’on mettait bout à bout tous les tuyaux qui servent aux mélanges des senteurs de l’usine à parfums, on pourrait relier Genève à Lausanne! 65 km de tuyauterie permettent en effet aux spécialistes de Firmenich de tester de savants mélanges!

Dans le labyrinthe du site Firmenich, on croise beaucoup de blouses blanches: des chercheurs, des ingénieurs agroalimentaires, des laborantins, mais aussi des évaluateurs de senteur de produits à laver le linge (si, si…). Et même un chef étoilé qui travaille dans la division Taste and Beyond de Firmenich, dédiée à la consistance et au goût des aliments.  Il accueille les visiteurs dans sa cuisine avec des miniburgers de bœuf saignant succulents. Sauf que ce n’est pas du bœuf, même si cela en a le goût et la consistance, mais de la protéine de soja, retravaillée par les spécialistes de Firmenich. L’entreprise, déjà leader sur la réduction de sucres, entend désormais le devenir dans la recherche et sur la protéine végétale.

Des robots R2D2 dans les couloirs 

Mais il n’y a pas que des humains dans ces locaux impressionnants. On tombe aussi sur de petits robots qui se déplacent dans les couloirs et les entrepôts, sortes de R2D2 made in Firmenich. «Attention aux boutons rouges qui gèrent les trajets des robots, il ne faut pas les toucher pour ne pas dérégler leurs trajets», nous dit une employée. Nous voilà avertis.

Vu le degré de sophistication requis par les activités de Firmenich, le cahier des charges des nouveaux bâtiments était très technique. Avec un focus sur la rationalisation écologique. Outre les architectes, nos employés ont été impliqués dans le processus de construction des nouveaux locaux, explique François Rohrbach.

Un campus à la pointe de la durabilité 

 Il est conçu pour avoir un impact limité sur l’environnement, grâce à une construction innovante et à des stratégies d’écogestion intelligentes. Les nouveaux bâtiments bénéficient d’une réduction des besoins en énergie pour le chauffage et la climatisation. Un système intelligent d’enveloppes thermiques réduit considérablement les pertes de chaleur, tandis que les sources d’énergies renouvelables, telles que les pompes à chaleur et les forages géothermiques, sont intégrées pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles.

De nombreux espaces verts à l’intérieur et autour du pavillon central, y compris un toit végétalisé, s’inscrivent dans la volonté de créer un habitat pour la flore et la faune, améliorant ainsi la biodiversité. Le toit végétalisé améliore également l’isolation thermique ainsi que la rétention des eaux de pluie. «Ce campus est le reflet de nos valeurs, dont, bien sûr, les aspects écologiques», conclut Gilbert Ghostine.

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