Hasard du calendrier, la même semaine, la Municipalité de Lausanne se gaussait dans la presse locale de la non-délivrance d’un permis de construire dans le quartier des Aubépines où les maisons sises aux numéros 39 et 41 de cette rue devront rester en place avec deux familles à l’intérieur, au lieu d‘y voir construire un immeuble locatif moderne de sept niveaux comprenant notamment une crèche.
Comprenne qui veut, mais il y a là une dichotomie certaine entre le discours global qui relève la cherté des logements en propriété comme en location, en imputant souvent la faute aux méchants propriétaires ou aux affreux promoteurs immobiliers, et la réalité du terrain qui voit le nombre de permis de construire délivré chaque année s’amoindrir, comme le relève la dernière étude immobilière du Credit Suisse notamment, avec comme résultat une offre baissière pour une demande haussière.
Pas besoin de sortir d’HEC avec mention pour comprendre que les prix ne pourront baisser dans ces conditions, et ce même avec des taux hypothécaires revenus à un niveau moyen d’environ 2.5% à 10 ans.
Dans mon activité au quotidien, je suis désormais confronté à la lourdeur des procédures, à la lenteur des administrations mais surtout à une volonté politique grandissante de bloquer les projets, voire de les interdire.
On peut citer cette municipale d’un village Nord vaudois m’annonçant d’un ton convaincu avoir été élue pour «sauver son village» et non pas pour appliquer le règlement des constructions lorsque je lui demandais quelle suite un dossier dont je m’occupais allait recevoir.
Ou encore cette Commune de la Côte vaudoise qui a mis 10 mois à nous délivrer un permis de construire, dont l’enquête était revenue sans opposition, pour une histoire de chauffage pas aux normes mais dont la demande initiale imposée provenait… de son propre service technique.
De telles anecdotes, je pourrais en raconter à l’envi, tellement cela est devenu la norme. La plupart des administrations sont désormais de véritables freins au développement de projets immobiliers, même si ceux-ci respectent scrupuleusement le règlement en place et c’est à la fois triste, dangereux et surtout inquiétant.
Qu’on se comprenne bien, je ne suis pas un défenseur du bétonnage à tout va et encore moins du mitage territorial, qui n’est par ailleurs plus possible suite à la votation de la dernière LAT par le peuple.
Toutefois, je défends une vision de société où les règlements et les volontés exprimées en votation sont respectés. C’est notamment le cas pour un immeuble au centre-ville qui remplacerait deux petites maisons.
Il semblerait que Lausanne n’interprète malheureusement pas la volonté populaire comme moi…
In fine, je souhaitais par ce billet relever que l’État dans son ensemble, et ce à tous les niveaux, allant du Château cantonal à l’administration communale des petits villages, tient sa part de responsabilité dans ce qui arrive aujourd’hui en participant insidieusement à la rareté des objets immobiliers.

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Immobilier – Et si le responsable principal des prix hauts, c’était l’État?
Mi-janvier, Guy Parmelin, ministre en charge de l’économie de notre pays, disait lors d’une interview dominicale: «Si la Suisse était un hôtel, il serait pratiquement complet» afin d’imager la pénurie de logements auquel nous faisons face depuis quelques années et qui tend à se renforcer fortement depuis quelques mois.