Ressources humainesÉcoute et caractère rassembleur: les clés du leadership au féminin
Lors de l’événement Femmes Leaders, de Bilan et Credit Suisse, qui s’est tenu à Genève ce mois d’avril, différentes femmes de pouvoir ont revendiqué un leadership basé sur l’empathie.

Le leadership au féminin? Un concept aux contours bien définis, si l’on en croit les témoignages des oratrices de la soirée Femmes Leaders, de Bilan et Credit Suisse, qui s’est déroulée ce mois d’avril à l’Hôtel des Bergues, à Genève. «Je pratique un leadership bienveillant et par l’exemple. Je crois dans le travail d’équipe, la collaboration et la responsabilité. J’essaye aussi de réunir les collaborateurs et les collaboratrices autour d’un projet et des valeurs communes », déclare Nathalie Fontanet, conseillère d’Etat du canton de Genève en charge des finances et des ressources humaines.
CEO d’Amazon Web Services pour la Suisse depuis 2019, Yvonne Bettkober s’inscrit dans la même ligne. «Pour moi, le leadership est un objectif supérieur qu’il faut poursuivre. En anglais, on a le mot «shepherd», berger. Cette expression convient très bien: on accompagne un groupe avec de l’inspiration, des encouragements, ainsi qu’une structure. On surmonte les obstacles sans perdre la motivation ou la foi dans la réalisation de l’objectif.»
Le résultat d’une éducation différenciée
Cofondatrice d’Artemia, cabinet d’Executive Search spécialisé dans les questions de genre et de diversité, Églantine Jamet décrypte les causes d’un leadership féminin plus empathique: «Dans l’éducation différenciée donnée aux enfants, un garçon va être encouragé à l’ambition et à la compétition, mais malheureusement pas à exprimer ses émotions. À l’opposé, une fille va être encouragée à prendre soin des autres, à être en lien et à l’empathie, mais pas à se mettre en avant.»
De son côté, Astrid Epiney, rectrice de l’Université de Fribourg depuis 2015, tient avant tout à rassembler. «Le but de l’exercice est que l’on ait des objectifs communs et que l’on puisse marcher dans le même sens. Lorsqu’il y a des décisions à prendre, il est crucial de consulter les entités et les personnes concernées. Toutefois, une fois que l’on a pris en considération les différents points de vue, il y a un moment où il faut trancher.»
Quant à Carole Hubscher, présidente et CEO de la manufacture d’écriture genevoise Caran d'Ache depuis 2012, elle revendique un leadership «by walking around». (Ayant participé à la préparation de l’événement, Carole Hubscher a malheureusement été empêchée d’y participer). Cette représentante de la quatrième génération à la tête de l’entreprise familiale détaille: «Il s’agit d’un leadership de proximité qui valorise l’écoute. J’arpente l’entreprise dans le but d’être proche des équipes. J’accorde aussi beaucoup d’importance aux attentes et aux besoins de nos clients, ainsi qu’à la connaissance des marchés où sont vendus nos produits.»

«Les modèles managériaux fondés sur la confiance et la bienveillance fonctionnent mieux.»
Experte du fonctionnement des organisations, Eglantine Jamet prolonge: «La réalité est que le monde professionnel et le monde politique ont été construits sur un modèle masculin, fondé sur des stéréotypes d’autorité et de pouvoir inspirés par le modèle militaire. Or, il apparaît aujourd’hui que les modèles managériaux fondés sur la confiance et la bienveillance fonctionnent mieux. Ceux-ci sont souhaités aussi bien par les hommes que par les femmes. Il s’agit donc d’un changement qui va bien au-delà de la mixité, mais la mixité y contribue grandement.»
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