
Quelles solutions peut-on tenter d’apporter pour atteindre une meilleure durabilité de l’écosystème agroalimentaire?
Le système agroalimentaire est en transition, voire en crise. On ne peut plus se permettre de continuer avec les mêmes modalités pour produire encore plus d’aliments à des prix encore plus bas. L’innovation technologique issue des laboratoires est un outil puissant pour les entreprises qui souhaitent s’engager vers une meilleure durabilité.
Nous avons la chance d’avoir en Suisse un certain nombre d’acteurs d’innovation dans le domaine agroalimentaire dans des instituts de recherche tels que l’EPFL et l’ETHZurich, les HES, l’Agroscope ou les centres de compétences comme Grangeneuve dans le canton de Fribourg.
Dans les entreprises internationales et les start-up foodtech qui bénéficient actuellement d’un grand élan de soutien et d’investissement, l’innovation fait partie de l’ADN. Mais comme dans beaucoup de domaines, les PME peinent à implémenter certaines innovations technologiques par méconnaissance de leur existence, manque de temps de passer des idées aux produits, manque de personnel qualifié, voir manque de moyens financiers.
L’accompagnement par des acteurs sous forme d’idéation des projets d’innovation et de financement de pilotes est donc la bienvenue mais potentiellement inconnue. C’est dans cette optique que l’agence d’innovation Innosuisse a mis sur pied un programme de sensibilisation appelé «Networking Event Series» qui tend à informer, sensibiliser, créer des communautés d’intérêt en rapprochant les acteurs économiques et académiques et incluant d’autres
parties prenantes telles que les accélérateurs, investisseurs et consommateurs.
Le consommateur
Justement, et le consommateur dans tout cela? Il semble en pleine contradiction: il est de plus en plus sensible aux questions de durabilité, de proximité et saisonnalité, mais peut trouver normal que le panier de la ménagère représente une proportion relativement faible du budget des familles (bien que malmené récemment par l’inflation). Et à l’heure ou une crise alimentaire menace, il n’est pas forcément prêt à renoncer à ses avocats et
myrtilles ou choisir des fruits et légumes qui ne soient pas éclatants de couleurs et formes parfaites, sans parler de la consommation de morceaux de boucherie qualifiés de non nobles. Et celui qui souhaite remplacer la viande tout court, peut parfois pécher par excès de consommation de produits surtransformés type fast-food, ou ayant un impact carbone non négligeable. Il y a donc des grands écarts qui méritent discussion, sans oublier l’essentiel de l’aspect culturel, convivial et émotionnel de la nourriture qui semble trop souvent ignoré dans le débat sur le
futur de l’alimentation.
Mais c’est aussi le consommateur qui par ses choix fait pression sur les acteurs de l’écosystème. Prenez le thème de la circularité qui a le vent en poupe, et qui est en effet une des approches clé pour rendre l‘écosystème plus sain.
L’économie circulaire dans l’agroalimentaire, de quoi s’agit-il? C’est essentiellement valoriser des produits non consommés lors de la production alimentaire, tels que les déchets solides et les eaux usées. Utiliser des sources
d’énergies thermiques non valorisées. Trouver des alternatives biologiques aux emballages plastiques. Utiliser des sources de protéines non exploitées.
Quelques exemples
De la kératine récupérée lors du processus de préparation de viande de poulet qui est transformée en polymère utilisable comme film alimentaire. Des algues qui remplacent le plastique d’emballage. La valorisation du petit lait produit durant la fabrication du fromage. L’utilisation des déchets de la production brassicole. La fabrication de boissons à partir de la pulpe de café. Sans parler de la farine d’insectes, des algues, des mycélia, levures et autres spirulines, des produits fermentés et de la viande ou des fruits de mer cultivés en laboratoire.
On apprécie le foisonnement de solutions et c’est justement l’échange des idées sous forme d’innovation ouverte et grâce à l’intelligence collective qui est encouragé de la fourche à la fourchette.
Le 18 mai dès 13h30 retrouvons-nous à la HEG-Fribourg à l’event Economie Circulaire dans l’Agroalimentaire pour impacter l’écosystème agroalimentaire de manière constructive.
À voir également, des interviews d’entrepreneurs, chercheurs et facilitateurs dans l’agroalimentaire qui interviendront à l’événement du 18 mai.

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Industrie agroalimentaire – Économie circulaire: un des chemins vers la durabilité
L’alimentation est un sujet de plus en plus brûlant, tant l’impact de l’agroalimentaire sur le climat n’est plus à démontrer, que l’équation simple que nous ne pourrons pas nourrir la population croissante avec les méthodes de production actuelles est patente, et que nous découvrons la fragilité de l’écosystème alimentaire mondial face aux conflits installés à notre porte.