
Deux nouvelles statues ont été découvertes par les archéologues en Sardaigne. Elles ont été trouvées sur le site de la nécropole de Mont’e Prama. Ces torses dénudés, qu’accompagnent d’autres fragments de sculptures à identifier, représenteraient des pugilistes. L’identification s’est vue proposée en raison d’un bouclier couvrant leurs corps. Elle est aidée par la comparaison avec deux autres réalisations sorties du sol quelques mètres plus loin en 2014. Dûment restaurées, ces dernières se retrouvent aujourd’hui présentées au musée tout proche de Cabras. Les scientifiques travaillent par à-coups sur la nécropole depuis 1974. Cette année-là, des agriculteurs avaient mis au jour par hasard les premiers vestiges, qu’ils avaient dûment signalés. Ces restes ont mené à une allée funéraire le long de laquelle ont été inventoriées des tombes datables des années 950-730 avant Jésus-Christ. La préhistoire en Sardaigne.
Lutteur, archers et combattants
Il faudra beaucoup de travail avant que les nouvelles statues soient présentables dans une institution muséale. Il convient d’abord de libérer de leurs sédiments les deux torses. Des blocs de pierre, lourds et massifs. Il s’agira ensuite de replacer les fragments de taille moyenne et petite qui s’en sont détachés. Monte Prama ressemble du reste sur ce plan à un «jigsaw puzzle». Le lieu a révélé des milliers de minuscules éclats provenant de statues mesurant au départ dans les deux mètres de haut. On ignore pour l’instant leur exacte fonction. Ces figures représentaient selon les spécialistes des lutteurs, mais aussi des archers ou des combattants. Elles ont été volontairement brisées à une date très ancienne. Peut-être par les Phéniciens. Peut-être par les Carthaginois. Ces miettes de pierre ont alors été dispersées au-dessus et près de tombes. Un rite magique. Il fait un peu penser aux stèles préhistoriques cassées exprès, récemment présentées à Zurich au Landesmuseum.
De nouveaux critères de beauté
Le ministre de la Culture Dario Franceschini, qui est un monsieur drôlement plus dynamique que Roselyne Bachelot en France, a bien sûr salué la «découverte exceptionnelle». Il a rappelé qu’elle pourra nous en apprendre davantage sur les civilisations dites «nuragiques», qui ont fleuri en Sardaigne depuis le XVIIIe siècle avant Jésus-Christ. L’île archaïque constitue l’une des grandes redécouverte du XXe siècle, lorsque ce dernier a commencé à aimer les cultures périphériques et anti-classiques. Les bronzes longilignes exhumés en Sardaigne dans les années 1950 et 1960 se sont ainsi vus rapprochés des créations d’Alberto Giacometti. C’est dire si les critères de beauté ont changé depuis la Seconde Guerre mondiale. L’âge du fer a peu à peu remplacé le marbre romain dans le goût officiel. Cela dit, la Rome impériale fait en ce moment l’objet d’une grande exposition au Louvre de Lens…
Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la "Tribune de Genève", en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.
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Archéologie – Deux torses préhistoriques de plus en Sardaigne!
Les archéologies complètent encore nos connaissances des civilisations dites nuragiques. Une des grandes découvertes du XXe siècle.