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L’objectif de croissance économique de 5,5% en 2022 fixé par le gouvernement chinois sera difficilement réalisable. Si la croissance chinoise a rebondi de 4,8% sur un an au premier trimestre, la dynamique semble s’essouffler.
Arthur Jurus - Senior Strategist chez ODDO BHF
Le Fonds monétaire international a abaissé les prévisions de croissance de la Chine de 4,8% à 4,4%, anticipant une baisse prolongée de la demande intérieure. Trois principaux facteurs freinent l’activité économique du pays.
La stratégie zéro-COVID est devenue le principal facteur de ralentissement de la croissance chinoise.
Les dommages sur l’activité économique sont déjà visibles.
Du côté des ménages, les ventes au détail ont reculé de 11,1% en glissement annuel, témoignant d’une forte baisse de la demande intérieure et d’un sentiment des consommateurs au plus bas. L’ensemble des catégories de biens ont connu une contraction, excepté les biens de consommation de base. Le taux de chômage a augmenté à 6,7% en avril contre 4,9% en octobre 2021.
Du côté des entreprises, l’indice d’activité des directeurs d’achat a chuté en avril, tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services, à 46,0 et 36,2 respectivement. La production industrielle a chuté de 2,9% en avril.
Par ailleurs, la stratégie zéro-COVID pourrait laisser des traces sur le plus long terme. Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement contraignent les entreprises occidentales à revoir leurs plans d’investissement. Une récente enquête de la Chambre de commerce de l’UE en Chine indique que 23% des entreprises interrogées envisagent de délocaliser leurs investissements en cours ou prévus dans le contexte de la politique "zéro-COVID". La croissance de l’investissement en capital fixe pourrait rester faible alors qu’elle s’est déjà affaiblie sur les trois premiers mois de l’année à 6,8% contre 12,2% fin décembre.
D’autres facteurs exacerbent l’affaiblissement de l’économie chinoise: le conflit ukrainien ainsi que le secteur immobilier chinois.
Le premier, en engendrant le ralentissement de la croissance mondiale, freine la demande de produits chinois. Les exportations ont augmenté de seulement 3,9% en avril en glissement annuel, contre 14,7% de croissance enregistrée en mars. Par ailleurs, la hausse des coûts des matières premières réduit les marges des fabricants en Chine. En effet, ces derniers ne sont pas en mesure de répercuter pleinement la hausse des coûts des intrants sur les consommateurs.
Quant au second facteur, les prescriptions réglementaires («3 red lines») mises en place l’an passé pour contrer les excès de crédit provoquent une consolidation du secteur et un net ralentissement de l’activité de construction et des transactions immobilières. En avril, les ventes de biens immobiliers en Chine ont chuté à leur rythme le plus rapide depuis environ 16 ans, à -10,1% contre -2,4% en mars.
Les politiques économiques accommodantes ne suffiront pas à atténuer suffisamment les vents contraires de la croissance et à atteindre 5,5% en 2022.
Le gouvernement chinois prévoit un vaste plan d’investissement dans les infrastructures afin de renforcer la croissance économique et améliorer la sécurité nationale. En parallèle, la Banque populaire de Chine poursuit sa politique monétaire accommodante via la réduction des réserves obligatoires des banques.
Néanmoins, l’effet net des stimuli budgétaires et monétaires sur l’économie chinoise restera insuffisant en raison de la trop faible croissance des revenus des ménages, de la baisse de l’activité du secteur privé ainsi que de la demande atone de logements.
La chute du renminbi témoigne de ces doutes sur la capacité du gouvernement chinois à atteindre son objectif: le renminbi s’est déprécié de 6% face au dollar depuis mi-avril et a atteint son plus bas niveau en dix-huit mois.
Chine – Des objectifs intouchables
L’objectif de croissance économique de 5,5% en 2022 fixé par le gouvernement chinois sera difficilement réalisable. Si la croissance chinoise a rebondi de 4,8% sur un an au premier trimestre, la dynamique semble s’essouffler.