
Il y a tous les jours des nouvelles archéologiques. Il existe même une file pour les signaler sur le site du «Monde» ou du «Figaro». Rien de surprenant à la chose. Le public adore ce genre d’histoires. Alors que pour certains nous approchons de la fin, elles offrent une plongée bienfaisante au milieu des racines. La dernière de ces découvertes se situe tout au nord de l’Allemagne, dans la province du Schleswig-Holstein. Nous sommes sur le site de Hedeby, à Busdorf. Le 17 février dernier, l’Office national d’archéologie de la région a communiqué une nouvelle importante. Parmi des broutilles qui n’en feront pas moins la joie des historiens, «on» avait exhumé deux spectaculaires boucles d’oreilles remontant au tout début du XIIe siècle.
De l’ambre en Chine
Les bijoux semblent en eux-mêmes admirables. Mais c’est leur provenance qui interroge les spécialistes. Il s’agit indubitablement de pièces d’orfèvrerie byzantine, enfouies avec des monnaies ou une fibule autochtones entre 1100 et 1150. Comment ces joyaux ont-il pu parvenir en terre viking? A la suite de quelle transaction ou de quelle exaction? On n’en finit pas de s’émerveiller en découvrant à quel point les objets voyageaient au Moyen Age, voire avant. Le plus ancien ivoire indien connu a été exhumé à Pompéi. Il y avait des perles d’ambre de la Baltique dans la tombe d’une princesse Liao, une dynastie exerçant son pouvoir au nord de la Chine, bien au-delà de la Grande Muraille. Pour ce qui est des périodes plus récentes, je viens de vous raconter qu’un des plus beaux kimonos aujourd’hui montré au Quai Branly avait été taillé vers 1850 dans une soie de Lyon du XVIIIe siècle. Alors, pourquoi pas des boucles d’oreilles byzantines à côté de l’actuel Danemark? La provenance lointaine des objets a longtemps fait tout leur prix, alors qu’aujourd’hui l’Extrême-Orient fait bon marché pour de pas dire «cheap».
Conceptions diverses
La découverte, comme l’a signalé le service compétent du Schleswig-Holstein, n’est pas due à des professionnels mais à un «détectoriste en formation». Autrement dit un amateur. Comme je vous l’ai souvent seriné, les pays adoptent des attitudes très différentes face au problème de «l’archéologie sauvage». L’Allemagne, comme le Royaume-Uni préfèrent encadrer les gens se promenant avec des détecteurs de métaux. Ils peuvent agir, mais doivent déclarer leurs trouvailles. La France (comme les cantons suisses que je connais) se montre en revanche très restrictive. Cela vient avant tout de la conception qu’on se fait selon où de l’État. Outre Jura, c’est à la fois papa qui gronde et maman qui console, alors que l’Angleterre prône une autorité minimale.
Cela dit, la dépêche que je vous commente ne précise pas à qui appartiendront les boucles d’oreilles…
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Archéologie – Des boucles d’oreilles byzantines chez les Vikings!
Un amateur a trouvé en Allemagne du Nord des bijoux fabriqués vers 1100 au Moyen-Orient. Le parcours médiéval des objets ne cesse d’étonner.