
C’est la dernière ligne (droite?) avant l’arrivée. A quelques jours du second tour des élections, les deux prétendants en ligne multiplient les déclarations voulues «rassembleuses». C’est à qui marchera le plus sur les plates-bandes de l’autre, quelles que soient les prétendues «valeurs» de l’une comme de l’autre. Mais qu’en est-il au fait de la culture dans les propos de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron? On ne peut pas dire en effet que celle-ci brille depuis ses débuts dans l’actuelle campagne électorale. De quoi rendre méfiant tout le monde. Là au moins presque toutes les personnes concernées se montreront pour une fois d’accord.
Le retour du «Pass Culture»
A tout seigneur tout honneur. L’actuel locataire de l’Elysée est revenu sur le «Pass Culture», qui devait devenir l’une des idées fortes du premier quinquennat. Il se verrait encore étendu sur le plan des âges. Il y aurait des sucettes pour les jeunes dès 15 ans. Le président propose aussi d’ouvrir les bibliothèques le soir et le dimanche, comme il voulait le faire en 2018. Pourquoi n’y est-il alors pas parvenu? L’histoire ne le dit pas. Emmanuel Macron reste par ailleurs muet sur le financement de France Télévisions, Radio France, Arte ou France Médias Monde. Ceux-ci vivaient jusqu’ici de la redevance de la «taxe d’habitation», que l’homme se propose de supprimer. Emmanuel Macron déclare pourtant avoir comme une de ses priorités «l’indépendance culturelle et informationelle». Elles sont aujourd’hui menacées par «les ingérences».
Vers un Netflix européen?
D’une manière générale, le candidat au masculin pense que «le rayonnement international de notre vie artistique s’essouffle». Il s’agit là pour moi là d’un doux euphémisme. Il faudrait donc créer un fonds d’investissement de 200 millions d’euros aux fins d’y remédier. Emmanuel Macron souhaite un Netflix européen «exposant le meilleur du cinéma et des séries européennes». De nouvelles commandes publiques artistiques à travers le pays seraient aussi souhaitables selon lui, «afin de soutenir les jeunes créateurs». Le président se veut aussi le promoteur des métavers, qui sont devenus la nouvelle obsession mondiale. Le but serait de contrecarrer ceux déboulant en trombe d’Asie ou des Etats-Unis. Il s’agirait de proposer ainsi des expériences visuelles autour des musées, du patrimoine et des nouvelles créations.
Un «Service national du patrimoine»?
Pour Marine Le Pen, qui n’a pas jugé bon de réserver une section de son programme à la culture, l’avenir ne se veut pas aussi futuriste. Sa priorité irait au patrimoine et à sa préservation. Il s’agit là d’une «grande cause nationale». Il faudrait commencer par procéder à «un état des lieux, département par département». On protégerait et on valoriserait ensuite. La fiscalité se verrait repensée pour les monuments historiques. Le budget pour les travaux urgents passerait de 330 millions par an à un milliard. Le Loto du patrimoine se verrait exempté de taxes, puisqu’il lui faut aujourd’hui en payer. Un Service national du patrimoine se verrait ouvert aux volontaires âgés d’entre 18 et 24 ans. Il servirait à la restauration monumentale, mais aussi naturelle. Sa durée serait de six mois, renouvelable une seule fois. Pour le rayonnement de la culture française, la candidate voudrait créer une Union francophone. Elle engloberait notamment les pays africains «injustement négligés depuis plusieurs années».
La technologie contre le terroir
Voilà. C’est tout et c’est maigre. Je me suis appuyé sur les articles du «Figaro», plus intéressé par cette question particulière que «Le Monde». On voit que les métavers se situeraient au centre des esprits du centre, le patrimoine glissant comme souvent à droite. Mais il faut aussi dire que nous avons affaire à un président technologique et à une adversaire axée sur des bases plus traditionnelles. Je me permets en effet de douter que les métavers passionnent la France profonde…
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Politique française – De quoi rêvent Macron et Marine pour la culture?
Lui veut des métavers européens. Elle pense au patrimoine national. Cela dit, le programme de l’une comme de l’autre reste hélas pauvre en la matière.