En Suisse, l’AVS/AI et le deuxième pilier (LPP) représentent les deux piliers fondamentaux du système de prévoyance. Alors que le premier pilier s’applique sans distinction à toute personne domiciliée en Suisse et/ou y travaillant, le deuxième pilier est obligatoire pour les salariés dont le revenu annuel est supérieur à 21’510 francs (en 2022) et est facultatif pour les personnes indépendantes.
La LPP peut être «aménagée», dans le cadre des limites fixées par la loi, en fonction du rôle qu’une entreprise souhaite lui donner. Il s’agit donc d’un pilier qui reflète la politique sociale de l’entreprise, car celle-ci se traduit par des prestations (rente de retraite et couverture en cas de décès et d’invalidité) destinées aux collaborateurs et à leurs ayants droit.
Les indices du certificat LPP
Prenons le cas de Raoul et Julie. Raoul, 58 ans, est manager d’une société et Julie, 50 ans, est indépendante affiliée à une caisse de pensions. Ayant chacun reçu leur certificat LPP, ils commencent à préparer leur déclaration fiscale et s’interrogent sur la caisse de pensions à privilégier en vue d’optimiser leur future retraite et leur fiscalité. Comment doivent-ils s’y prendre?
Le premier élément à prendre en compte est le montant des cotisations versées par l’entreprise et par l’assuré, sachant que les prestations à la retraite sont directement dépendantes de l’étendue de ces cotisations. La loi définit une prescription minimale, mais l’entreprise peut décider d’aller au-delà. Raoul, qui gagne 200’000 francs, est au bénéfice d’une excellente prestation, puisque son salaire assuré est égal à celui déclaré à l’AVS. Julie, de son côté, gagne 130’000 francs, mais son salaire assuré est plafonné à 60’945 francs, ce qui correspond au système minimal.
Le deuxième élément à analyser est le taux de conversion. Il s’agit du taux utilisé pour convertir en rente le capital accumulé jusqu’à la retraite. À 65 ans, âge légal de départ à la retraite, Raoul aura accumulé un avoir de 1,5 million de francs qui, converti au taux de 5,8% proposé par sa caisse de pensions, lui procurera une rente de 87’000 francs annuellement. Il possède en outre un potentiel de rachat de 160’000 francs. Julie, qui a commencé à cotiser plus tardivement, aura lors de son départ à la retraite un capital de 275’000 francs qui, au taux de conversion de sa caisse de pensions fixé à 6,8%, lui conférera une rente annuelle de 18’700 francs. Elle a pour sa part un droit de rachat de 274’000 francs.
710’000 francs au lieu de 275’000!
Finalement, le couple disposera des rentes suivantes:
En ce qui concerne l’AVS, Raoul et Julie n’ont pas de lacune de cotisation. Aussi, dès 65 ans, Raoul recevra 28’680 francs et lorsque Julie aura 64 ans, le couple recevra 43’020 francs.
À cela s’ajoutent les deux rentes LPP qui porteront le revenu total du couple (AVS et LPP) à 148’720 francs, ce qui représente 45% de leur revenu actuel.
Est-ce suffisant? La seule manière de le savoir est de préparer un budget pour la retraite qui servira de base à la définition de la meilleure stratégie possible. Celle-ci pourrait être, dans un premier temps, d’améliorer la caisse de pensions de Julie, qui affiche les prestations minimales. En effet, si Julie avait une caisse comparable à celle de Raoul, elle aurait un capital projeté de 710’000 francs au lieu de 275’000!
Dans un deuxième temps, le couple pourrait procéder à des rachats, à commencer par la caisse de Raoul, qui offre les meilleures prestations.
La dernière question qui se posera au couple sera de choisir d’opter pour la rente, le retrait du capital ou un mix des deux. De précieux indices à ces questions figurent dans le certificat LPP que les caisses de pensions émettent chaque année, dans le règlement de prévoyance de la caisse ou encore dans le rapport de gestion. C’est de votre santé financière qu’il s’agit!
Albert Gallegos est directeur Wealth solutions, BCGE

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Patrimoine et prévoyance – Dans un couple, quelle caisse de pensions faut-il privilégier?
La LPP reflète la politique sociale des entreprises: les prestations destinées aux collaborateurs et à leurs ayants droit diffèrent d’un employeur à l’autre. Pour optimiser sa future retraite et sa fiscalité, il vaut mieux prendre les devants.