
Les Quartier des Bains genevois ne donne pas toujours l’impression d’une noyade. Il abrite depuis ce mardi 22 novembre une nouvelle galerie. Olivier Varenne, qui avait failli s’y installer il y a cinq ans (je vous en avais du reste parlé à l’époque), a posé si ce n’est ses pénates du moins ses bagages dans l’espace jadis occupé par Pierre Huber. Il occupe ainsi les numéros 37 et 39 de la rue, dont il a fait deux espaces d’exposition distincts. Finis les locaux voués au bureau derrière une vitre opaque! L’homme entend bien jouer sur la transparence. On le verra depuis le trottoir. Lui ou l’un de ses collaborateurs (Natascha Wittgenstein, Raphaël de Selys Longchamps), mais pas un stagiaire. Le métier qu’il a choisi suppose des contacts personnels.
«C’est un début. Il devrait y avoir trois ou quatre séries d’expositions par an.»
Les lieux ont subi quelques petites transformations. Un mur a poussé au 39. Au 37, l’espace s’est vu redessiné. Naguère gris, les murs sont devenus blancs. Afin de contrer l’effet réfrigérant du «white cube», Olivier Varenne a choisi des meubles non pas en tubulaires, mais en chêne cérusé. Une énorme table en marbre rouge, du genre difficile à transporter à moins de quatre personnes, a pris place au fond d’un des deux locaux. Il doit encore arriver des tapis en coco beige. Des coussins. L’éclairage reste également à revoir. L’idée voulue est devenue celle d’un appartement moderne. Vivable. Confortable. Il faut dire qu’Olivier a ces dernières années été marchand en chambre à Genève. Comme jadis son père Daniel Varenne, disparu en mars 2018, qui officiait rue Töpffer. Cela laisse des traces.
Redécouvrir Masurovsky
Le nouveau venu, qui en est à sa première galerie ouverte de plain-pied au public, compte présenter deux petites expositions à la fois. Premier et second marchés. Pour son ouverture le 22 novembre, il a choisi de montrer une rétrospective des dessins de Gregory Masurovsky (1929-2009). «Cet Américain, admiré tant par Andy Warhol que par David Hockney, a surtout vécu à Paris. Il me semble aujourd’hui très sous-estimé. Ses œuvres sont devenues pratiquement invisibles. Elles n’ont pas été présentées au public depuis sa mort il y a treize ans.» L’homme doit remonter la pente, d’où des prix encore doux. D’une manière générale, Olivier Varenne compte du reste appliquer des tarifs raisonnables, «sauf pour des pièces rares et exceptionnelles.» Masurovsky a le trait de plume léger. L’inspiration aérienne. Ses créations se révèlent tout en délicatesses. Elles se situent ainsi à l’opposé des affirmations souvent véhémentes d’aujourd’hui.

De l’autre côté, l’accrochage propose un panachage d’œuvres suisses. Il y a là aussi bien une série de photos de Roman Signer, très apprécié d’Olivier Varenne, qu’un énorme Sylvie Fleury à la Mondrian avec plein de fausses fourrures. Remontant aux «seventies», des créations de Ben en blanc sur noir voisinent avec une aquarelle à fond bleu de John Armleder. Un Jean Tinguely pour une fois coloré des années 1950 fait ami ami avec des toiles de Jonathan Delachaux variant selon la lumière. «C’est un début. Il devrait y avoir trois ou quatre séries d’expositions par an.» Plus Artgenève, où Olivier Varenne était déjà présent en 2022. L’homme continue par ailleurs à travailler pour l’Australie, où il achète pour le MONA (Museum of Old and New Art de Tasmanie) et conseille l’institution pour le choix de ses présentations temporaires. Il faut savoir jouer sur tous les tableaux!
Pratique
Galerie Olivier Varenne, 37-39, rue des Bains, Genève. Tél. 022 810 27 27, site www.varenne.art Pour l’instant sur rendez-vous. Les lieux, occupés en dernier lieu par Laurence Bernard, ne sont pas tout à fait prêts.
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Galeries genevoises – Olivier Varenne installe ses pénates rue des Bains
L’homme avait failli venir en 2017. Il reprend aujourd’hui l’espace historique de Pierre Huber. Il y aura deux petites expositions à la fois