
Et c’est reparti pour un tour! Normal. La carrière de notre cher Damien Hirst, qui va tout de même sur ses 58 printemps, tient à coups de sensations médiatiques. Elle n’est du coup plus liée à ses œuvres, mais à ses actions. Notons tout de même que le Britannique sait maintenir en haleine son public, essentiellement composé de nouveaux riches. La récente production, pendant les confinements, de tableaux entièrement réalisés par lui-même sur le thème du cerisier en fleurs tient de l’exception. Normalement, notre homme délègue le travail à des centaines de petites mains. C’est devenu davantage qu’un industriel de l’art contemporain. Il en est aujourd’hui le grossiste.
Deux mille francs pièce
Tout ceci me mène à l’affaire du jour. En 2016, l’Anglais a fait réaliser la bagatelle de dix mille toiles, chacune liée à un NFT. Elles avaient apparemment toutes trouvé preneur. Il faut dire que leur prix ne se calculait pour une fois pas en millions, mais en milliers de nos francs. Deux mille, pour se montrer précis. L’équivalent en matière de beaux-arts du t-shirt de Dior ou de Chanel. Jusqu’ici, ces multiples formés de petits points existaient en deux versions. La réelle et la virtuelle. Hirst a demandé cette année aux clients de choisir individuellement laquelle ils garderaient à l’avenir. Ces gogos avaient jusqu’au 27 juillet pour se décider. La mode étant aux NFT, qui font selon moi aussi peu sérieux que les cryptomonnaies, près de la majorité des propriétaires s’est décidée pour cette formule. Leur nombre exact est de 4851.
L’échec de Venise
Que va-t-il maintenant se passer? Le 9 septembre, Damien inaugurera sa nouvelle exposition à la Newport Street Gallery. Un lieu spécialement consacré à Hirst superstar et super kitsch. L’attraction de cet accrochage sera de voir brûler petit à petit les 4851 toiles, qui n’existeront plus que sous forme de jeton. Un véritable autodafé. Publicitaire en diable! La chose devrait aider à liquider le reste. Tout ne va pas toujours comme sur des roulettes avec notre homme. En témoignent les restes de sa titanesque exposition de la Fondation Pinault de Venise en 2017. Vous vous souvenez sans doute de la chose, dont je vous avais entretenus à l’époque. Hirst avait imaginé sur deux sites (le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana) les vestiges trouvés dans un bateau coulé à l’époque romaine. J’avais trouvé cela désastreux. Un naufrage à tous les sens du terme.
Le reste ne bouge pas
Et les autres tableaux à points? Eh bien leurs acquéreurs les conserveront tels quels. C’est sans doute plus sûr, même s’ils peuvent sembler encombrants. On ne peut pas tout détruire. Cela dit, Hirst ajouterait certaines de ses réalisations récentes au bûcher des vanités que je n’en serais pas franchement dérangé. Il pourrait ainsi commencer par les cerisiers vus à la Fondation Cartier de Paris. Ces arbres étaient selon moi à vous dégoûter de manger des cerises pendant toute une existence… Mais beaucoup de gens ont aimé. Normal encore une fois. Cela valait très, très cher.
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Evénement médiatique – Damien Hirst va brûler 4851 tableaux devenus NFT
C’est son dernier truc, qui va avec une exposition devant faire parler d’elle. Et si le Britannique sacrifiait aussi ses affreux cerisiers?