Licenciements chez SwissBorgCyrus Fazel: «L’industrie crypto a vécu une situation assez extrême»
Avec 27 départs, dont 24 emplois directs, la plate-forme lausannoise SwissBorg n’échappe pas à la vague de licenciements qui frappe l’industrie crypto depuis plusieurs semaines. Son fondateur Cyrus Fazel se recentre sur le développement et vise à maintenir sa feuille de route.

L’évènement a été rendu public via le compte Twitter de son fondateur Cyrus Fazel ce vendredi: la plateforme crypto lausannoise SwissBorg, utilisée par près de 700 000 personnes dans une centaine de pays, se sépare de 27 collaborateurs, soit environ 8 à 9% des effectifs.
Une annonce qui s’inscrit dans une tendance de fond, qui a vu Coinbase annoncer en juin le licenciement de 1100 personnes (18% des effectifs), BlockFi 20% de sa force de travail, ou encore Gemini des frères Winklevoss 10% des effectifs. Au total, plus de 2000 personnes auraient perdu leur emploi dans l’industrie crypto en moins de deux mois.
Alors que le Krach de Terra continue de secouer la crypto-sphère, Cyrus Fazel estime que le plus dur est probablement derrière et maintient ses ambitions.
SwissBorg a annoncé le départ de 27 personnes. Dans quels départements et combien d’entre elles en Suisse?
En termes d’emplois directs, on parle de 24 personnes, dont 20 à l’étranger, seulement 4 en Suisse. Les suppressions de postes se concentrent sur des positions où l’on n’a pas le même besoin en bull market ou en bear market, à savoir, évènementiel, marketing, business development. Quand on grossit aussi vite, on fait parfois quelques erreurs.
Les postes techniques, comme les développeurs, ne sont pas concernés?
Non, car le bear market marque le moment de se recentrer sur le développement et préparer l’avenir. Nous avons au contraire recruté un développeur blockchain, qui était disponible suite à la faillite de sa société. Nous n’avons pas été en mesure de lui proposer des conditions aussi favorables que son précédent employeur, mais on voit qu’un bon développeur trouve toujours du travail.
Doit-on s’attendre à davantage de licenciements chez SwissBorg?
On espère que ça va s’arrêter là, on fait tout pour. L’industrie a déjà vécu une situation assez extrême, on l’observe chez l’ensemble de nos concurrents. BlockFi a beaucoup licencié, Voyager est au bord de la faillite, Celsius est depuis plusieurs semaines en défaut de paiements. Blockchain.com a également perdu 250 millions. Il y a eu des gestions imprudentes, avec beaucoup d’effets de levier, on l’a vu dans le cas de Three Arrows Capital, ce que nous n’avons pas fait. Comme dans la plupart des crises, on a fait face à un problème de liquidités, beaucoup de positions ont dû être liquidées avec des conséquences en cascade sur des acteurs interconnectés.
SwissBorg elle-même a suscité des craintes au moment où l'ether synthétique STETH, auquel vous êtes exposé, a perdu sa parité avec l’ether. Juste après le depeg de l’UST de Terra. Où en est-on?
Aujourd’hui, on est revenu à moins de 2% d’écart. Les gens font des amalgames, mais la situation n’avait rien à voir avec le depeg de l’UST. Je pense qu’on va vers une stabilisation sur le marché. Deux des plus gros acteurs de l’industrie, Alameda et FTX, avec à leur tête Sam Bankman-Fried, multiplient les gros investissements pour sauver des plateformes comme BlockFi - 400 millions d’injectés- ou Voyager. Ils semblent avoir décidé de stopper l’hémorragie, et en ont certainement les moyens. Une baisse de 70% du marché constitue déjà une correction plus que significative.
Le pire est donc derrière…
Je n’ai pas une boule de cristal, mais on voit des investisseurs semi-qualifiés entrer à 20 000 dans bitcoin, qu’on peut considérer comme un prix intéressant à moyen terme. Bien sûr, la stabilisation est fragile. La forte corrélation entre le NASDAQ et le marché crypto est un facteur de dépendance, on attend l’annonce des taux de la Fed le 28 juillet.
SwissBorg maintient-elle son ambitieuse feuille de route dans les conditions actuelles?
Certains projets mineurs vont être mis en pause, comme des projets sur les paiements, ou l’intégration de quelques monnaies. Mais on maintient notre cap sur les grands axes: ETF, de nouveaux produits de rendements à la carte avec plus de contrôle pour l’investisseur. Également la partie play-and-earn, avec les X Borg, et cette dimension éducative et ludique vers l’investissement. On va continuer à construire, les bear markets sont faits pour ça.
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