Après la perte du Cervin sur le Toblerone, voilà qu’un autre symbole de la Suisse s’effondre, entraînant potentiellement avec lui des milliers de personnes.
Une grande majorité d’employé-e-s de banque mais aussi d’autres profils, dont la remise sur le marché du travail en cas de licenciement ne se fera certainement pas en un claquement de doigts.
Une majorité silencieuse qui a été un peu écartée de la scène médiatique, des réseaux et autres canaux d’informations au début du « crash » (tous et toutes se focalisant sur le top management).
Et pourtant, comme pour nous, l’annonce de l’effondrement de ce colosse leur a été faite par voie de presse. Mais avec, dans leur cas, un enjeu de plus et de taille : «Cela vaut-il –vraiment– la peine que je retourne au bureau lundi ?»
L’écrasante réalité qu’un géant peut aussi tomber
Dans un monde du travail déjà extrêmement anxiogène (je le disais dans mon dernier article, la fin de l’année 2022 fut marquée par l’explosion des enquêtes internes en raison notamment du triptyque « COVID – Ukraine – inflation » qui pèse sur le moral des troupes et des entreprises), la chute de Credit Suisse est une goutte de plus dans une balance émotionnelle très fragilisée.
Face à la chute d’un géant qui s’est révélé être posé sur des pieds d’argile, l’on commence à percevoir des signes de stress chez des collaborateurs et collaboratrices issu-e-s d’autres entreprises, qui soudainement en viennent à se questionner sur la réelle solidité de ces dernières.
Une vague d’angoisse qui se répand sur de nombreux secteurs, et dont la sève commence à remonter gentiment à la surface. Est-ce que mon entreprise ne me cache pas la même chose ? Est-ce que mon employeur est solide et fiable dans ses décisions stratégiques ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière le management de mon entreprise ?
En somme, des employé-e-s qui en viennent à se questionner sur les «behind the scene», cet envers du décor jusqu’alors pris comme une sorte d’état de fait.
Questionner… pour mieux partir?
Dans ce sillage, c’est la balance bien-être/ressources qui gentiment s’étiole, avec le risque de voir l’engagement des équipes se péjorer encore davantage.
Et quand on sait qu’en Suisse 20% des salarié-e-s envisagent de chercher un nouvel emploi dans l’année suivante (étude PwC 2022), voir ce pourcentage augmenter peut être extrêmement négatif pour l’économie dans son ensemble.
Perdre le capital confiance qu’ont les employé-e-s dans l’entreprise peut avoir de nombreuses conséquences, et la démission n’en est qu’un exemple parmi d’autres : augmentation des absences, climat de travail délétère, apparition des rumeurs, etc. peuvent soudainement s’inviter à la table du management.
Si «informer» et «rassurer» ne sont plus des options, se former non plus!
À vous, chef-fe-s d’entreprise, de rassurer vos équipes sur le bon fonctionnement de votre business. Les changements aujourd’hui ne peuvent plus seulement être annoncés, mais doivent être expliqués et accompagnés.
Sans vouloir entrer dans un management à la « bisounours », ni impliquer toute l’entreprise dans chaque décision stratégique, il faut plus que jamais rassurer les équipes afin qu’elles puissent évoluer et performer dans un climat serein.
Ne pas le faire, c’est prendre le risque de voir le climat général changer progressivement, avec tout ce que cela implique en termes de santé au travail, d’absentéisme, de turn-over… et de coûts.
Mais tout ne peut pas reposer sur les fonctions dirigeantes. Les collaborateurs et collaboratrices qui s’appuient aujourd’hui sur leur seule formation de départ – peu importe ce que l’on fait – courent un risque réel de perdre leur « capital attractivité d’employabilité ».
Faire un tour des sites d’annonces donne le ton de cette réalité : on veut des métiers incluant des options – autant de petits bénéfices pour l’entreprise –, et donc des postulants qui (se) doivent (de) sortir du lot. Car les reconversions professionnelles ne sont pas uniquement liées à ses propres envies (tiens, si je montais un food truck ?), mais aussi à un monde qui change.
Et ce changement ne fait que s’accélérer de jour en jour. Mais de cela, j’en parlerai dans mon prochain billet.

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