Article HémisphèresComment devenir plus smart que son phone?
Capter nos désirs, les amplifier ou encore déclencher des actes compulsifs pour satisfaire nos besoins, notre smartphone sait faire tout cela. Un projet de l’ECAL met en scène nos excès téléphoniques et avance quelques pistes pour éviter de devenir un «screenwalker» (une personne tellement absorbée par son téléphone qu’elle ne fait pas attention à son environnement physique).

Dans le cadre d’un projet, l’ECAL (École cantonale d’art de Lausanne) a mené un premier workshop sous la supervision de la responsable du Bachelor Media & Interaction Design, Pauline Saglio. L’objectif? «Observer ses propres comportements avec les smartphones, analyser ses actions les plus absurdes, les décrire comme dans un journal intime, puis les résumer en une série de néologismes formant un lexique qui permet de mieux cerner nos addictions et nos moyens de résistance face à celles-ci», résume la responsable.
En sont ressortis les néologismes suivants:
Le verbe «oupslike»: le fait de liker «accidentellement» un vieux post de quelqu’un. «Je regardais ses vieux posts sur Instagram et j’ai oupsliké», dira-t-on donc, en francisant vaguement le néologisme. Le préfixe «oups» révèle une pointe d’embarras, car le fait de remonter jusqu’à une publication ancienne sur les réseaux sociaux et de cliquer sur «j’aime» révèle un intérêt qui n’est peut-être pas partagé.
Le «spamliking» pour désigner le fait de liker tous les posts de quelqu’un pour se faire remarquer.
Le smartphone apparaît dans les deux cas comme un facilitateur qui, à partir d’un besoin essentiel – celui d’un lien social – peut nous faire basculer dans des comportements jugés potentiellement excessifs.
Un deuxième workshop, mené cette fois-ci par le professeur Alain Belle, s’en est suivi avec pour mission de «redonner du physique au numérique». Parmi les projets issus de ce laboratoire, on retrouve notamment une coque déclenchant une minuterie qui accorde un temps d’utilisation limité du téléphone, ou encore un boîtier dans lequel le smartphone est comme scellé et qui se débloque uniquement pour des contacts prioritaires.
Enfin, on mentionne également le projet «Automac», une machine qui travaille à notre place sur Tinder. Il suffit pour cela d’introduire des critères de sélection. Par exemple: «Je ne veux voir que des profils d’hommes qui sourient», suggère au hasard Pauline Saglio et le dispositif nous «matche» automatiquement avec un maximum de partenaires possibles en un minimum de temps. «Le projet parodie la manière dont le swipe tend à devenir un geste purement mécanique et à perdre son sens. Il met également en scène notre automarchandisation, la façon dont ces plateformes nous amènent à contribuer à leur essor en les alimentant et en participant ainsi à la banalisation de la rencontre et de l’interaction humaine.»
Pour en savoir plus sur ces projets, rendez-vous sur l’article complet d’Hémisphères, la revue qui met en avant les recherches de la HES-SO et dont Bilan Campus se fait l’écho.
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