
Je ne sais pas pourquoi je pense aux bijoux de la Castafiore. Cela dit, vu le succès persistant des «Tintin», la référence reste valable. C’est le monde et les femmes qui ont changé. Ces dernières n’arborent plus guère de «clips», de bracelets, de bagues ou de colliers, même faux. Ou alors il leur faut une ou deux choses discrètes ne brillant surtout pas. L’époque veut qu’on affiche une pauvreté parfois fausse. La mode, pour autant qu’il en existe encore une prescriptrice, se veut décontractée et simple. Vous me direz que les rois du rap ressemblent, eux, à des sapins de Noël. Mais je vous parle ici de la règle, et non de ce qui se veut l’exception.
Le plus gros diamant blanc jamais vendu
Chose curieuse, chose apparemment incohérente, les ventes de bijoux n’ont jamais aussi bien marché. Dans le genre sinon modeste du moins bourgeois, Genève Enchères a récemment trouvé acquéreur pour tous ses lots en la matière, en ligne comme à la criée. Sauf deux! Ils se retrouvaient un peu perdus, rue de Monthoux, dans une immense vitrine lors des «after sales». Et pour ce qui est des gros cailloux, Christie’s vient comme de coutume d’afficher son triomphe dans notre ville le mercredi 11 mai. Avec les échutes, la grande maison a encaissé 68 990 650 francs d’un coup. Il faut dire qu’il y avait de gros morceaux, au propre comme au figuré. Le diamant tout simplement nommé «The Rock» a rapporté à lui seul 21 681 000 francs. Cette babiole totalisait 228,31 carats. Un poids qui en faisait «Le plus gros diamant blanc jamais mis aux enchères». Dommage que Liz Taylor n’ait plus été de ce monde!

Tout s’est donc bien passé, même si le résultat se révèle légèrement inférieur (98 pourcents) aux espérances. Il s’agit à mon avis là des estimations basses. «The Rock» aurait en effet pu atteindre trente millions au marteau, soit davantage avec les frais. Il n’y a eu que 8 pourcent d’invendus. Christie’s a inscrit des participants de vingt pays situés sur quatre continents, sans préciser s’il manquait l’Afrique ou l’Australie. Il y avait parmi eux une moitié de «millenials», ces jeunes dont on attend de nos jours les réactions comme s’il s’agissait de bêtes curieuses. J’imagine pourtant mal l’un ou l’une d’elles s’offrant la «tiare Fürstenberg» en diamants et perles. Un bijou de l’Autrichien Gustav Flach conçu pour une princesse née Irma von Schönborn Buchheim, morte en 1948… Elle est partie (le diadème, pas la princesse) à 2 394 000 francs au lieu des 400 000 à 600 000 prévus. Je pense ces jeunes friqués plutôt intéressés par les créations de l’iconique JAR, dont une paire de boucles d’oreilles de 2011 a «fait» 327 600 sur une prisée de 160 000 à 220 000.
Le diamant Croix-Rouge
Christie’s insiste beaucoup dans son communiqué de presse final sur le «Red Cross Diamond». Un tel caillou devait bien sûr se voir proposé dans la ville de la Croix-Rouge. Pesant environ 200 carats, la pierre doit son nom au fait d’avoir figuré dans une vente caritative de 1918 au profit de l’institution fondée par Henry Dunant. «Après une compétition de onze minutes», explique Rahul Kadakia, en charge de la joaillerie chez Christie’s, «la gemme s’est vendue 14,1 millions. Un record pour un diamant jaune très coloré.» Une partie «significative» du produit se verra versée au CICR. Je ne peux pas vous dire le pourcentage qui se cache derrière le mot «significatif». Bref, en dépit d’un contexte économique devenant difficile, les affaires vont encore bien même si le diamant, comme l’or ou le franc suisse, a toujours fait partie des valeurs refuge.

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Marché – Christie’s a joué l’air des bijoux à Genève
La maison a engrangé 68 990 650 francs avec en tête d’affiche deux énormes diamants. Mais le résultat reste inférieur aux espérances.