
Cette semaine rencontre avec Sophie Dubuis, consultante indépendante, présidente du conseil de fondation de Genève Tourisme & Congrès, Administratrice à Banque Cantonale de Genève et Migros Genève, membre du comité directeur de l’Union patronale Suisse et membre du Conseil de la Fédération des Entreprises Romandes.
Comment êtes-vous devenue administratrice? Veuillez décrire en quelques lignes les principales étapes de votre parcours qui vous ont permis d’accéder à la fonction d’administratrice.
Pour mes études, j’ai choisi l’École de Tourisme à Sierre en lieu et place des études de droit préconisées par mes parents. Mon objectif était de pouvoir valoriser la Suisse comme lieu d’accueil. Après mon premier poste à Zürich j’ai travaillé dans mon canton de naissance, Fribourg, dans le domaine des conférences et expositions.
C’est une opportunité à Palexpo qui m’a fait me déplacer à Genève à 31 ans. J’ai eu ensuite le privilège de diriger le CICG (Centre International de Conférences Genève) ; ceci m’a permis de développer un service client de qualité à destination des acteurs internationaux et gouvernementaux tout en affinant mes connaissances de gestion financière et stratégique.
Ce fut plus tard une surprise de décrocher le poste de directrice de Bucherer Genève dans lequel j’ai effectué une réorganisation et une rénovation majeures. C’est à ce moment-là que j’ai pu intégrer mon premier Conseil à la Fondation Genève Tourisme & Congrès dont j’assure aujourd’hui la présidence.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans cette fonction?
J’ai un sens aigu des responsabilités et j’ai l’ambition d’impacter mon environnement. Être active tant au niveau stratégique qu’opérationnel revêt un défi passionnant. J’apprécie tout particulièrement la possibilité de co-créer au sein de structures actrices de notre réalité économique. Les questions stratégiques et l’humain ont toujours été au cœur de mes engagements.
J’aime l’échange entre les personnes pour dépasser les limites invisibles. Après chaque séance, je me sens enrichie de nouveaux apprentissages. Dans tous les cas, l’essentiel pour moi est de «faire de mon mieux» comme me l’ont appris mes parents.
Quelles sont les compétences clés et la valeur ajoutée que vous apportez au CA?
Chaque administrateur apporte son parcours, ses valeurs et ses compétences. C’est la mixité des horizons et une envie de «faire ensemble» qui nous permettent d’atteindre les objectifs et d’assurer la pérennité des entreprises.
Personnellement, je me prononce sur des sujets pour lesquels j’apporte une plus-value issue de mes expériences et compétences. J’apprends lorsque je suis en dehors de mon cercle de confiance et je contribue lorsque je peux utiliser ma connaissance des entreprises et mon réseau. J’ai également un côté déterminé parfois utile.
Quelles sont les difficultés de cette fonction, les défis que vous avez rencontrés?
Il faut de la patience et que chacun trouve sa (bonne) place pour amener une valeur ajoutée utile aux entreprises.
J’entame toujours mes mandats avec une confiance naturelle en les personnes et l’institution, j’observe et j’apprends. Ensuite, je me sens légitime pour donner des impulsions dans le respect de ce qui existe et de ce que nous cherchons à atteindre. La patience et l’humilité sont essentielles à mes yeux.
À la base, un cadre clair de gouvernance et une vision partagée pour l’entreprise sont incontournables; le rôle du conseil est aussi de s’assurer de leur existence.
Quelle est votre meilleure bonne pratique en termes d’obtention de mandat dans les CA?
Je n’ai pas de bonne pratique spécifique. Dans mon cas, c’est mon parcours et mon engagement qui m’ont rendue visible et je n’ai jamais sollicité les entreprises. Je sais avoir toujours travaillé sans autres arrière-pensées que l’excellence, mon épanouissement et le bien des institutions dans lesquelles j’ai eu la chance d’œuvrer.
Quelles sont les grandes préoccupations actuelles des organes stratégiques des entreprises?
La préoccupation première d’une entreprise est sa pérennité; on oublie trop souvent qu’elle est génératrice d’emplois. Dans la période que nous vivons, l’enjeu de durabilité est couplé à la pénurie de main-d’œuvre qui est arrivée soudainement. La réalité démographique nous empêche heureusement de fermer les yeux. Il faut réinventer l’emploi en partant de l’existant; chacun et chacune doit s’investir.
Les enjeux humains postpandémiques ont des impacts directs sur la fatigue et la motivation des collaboratrices et collaborateurs, pourtant centraux dans le fonctionnement quotidien. On parle de résilience, de risques, de cohésion; tout s’accélère et la sérénité est de mise.
Que manque-t-il pour que les CA d’entreprises suisses comptent davantage de femmes?
D’une part, il est nécessaire d’avoir des femmes confiantes en leurs capacités qui ne mettent pas en doute leurs compétences et leur capacité de trouver le temps nécessaire à ces engagements. D’autre part, il faut des hommes prêts à sortir de leur zone de confort et à s’adapter aux changements de dynamique.
C’est une responsabilité conjointe avec une prise de recul collective pour ne pas prendre les choses personnellement dans les discussions et décisions parfois conflictuelles au sein des organes dirigeants. Les décisions politiques concernant la présence de femmes dans les conseils d’administration ont déjà des conséquences sur leurs compositions.
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Rencontre avec Sophie Dubuis – «C’est la mixité des horizons et une envie de faire ensemble qui nous permettent d’atteindre les objectifs et d’assurer la pérennité des entreprises»
Parce que plus d’égalité hommes-femmes, c’est aussi plus de femmes dans les instances représentatives et dirigeantes, Femmes Leaders by Bilan vous propose chaque mois une rencontre avec une femme membre d’un conseil d’administration. De quoi inspirer de nouvelles candidatures? Un texte réalisé en partenariat avec le Cercle Suisse des Administratrices.