
Ce n’est ni Pollock, ni Rothko, ni bien sûr Jeff Koons. Mais cela fait tout de même de l’argent, sans doute mieux placé. L’art ancien sort à peine de sa torpeur en ventes publiques, avec ce qui reste de meilleur en mains privées. Je vous ai récemment parlé de ventes new-yorkaises à venir. Elles sont aujourd’hui venues. Tout s’est assez bien passé chez Christie’s comme chez Sotheby’s. J’ai d’ailleurs reçu sur le coup de minuit des courriels d’auto-congratulations qui m’ont fait rouvrir un œil (mais pas les deux!).
Cas difficiles
Il y avait, parmi les centaines de tableaux proposés, des cas difficiles. Autant dire qu’avec eux les prix n’ont pas flambé. Les espoirs pour la «Salomé allant chercher la tête de Jean-Baptiste» de Rubens paraissaient un peu fous. Ce petit tableau se voyait prisé entre 25 et 35 millions de dollars. Il en a tout de même obtenu 26,9 frais compris. Un chiffre plus qu’honorable pour une œuvre de 1609 se situant loin des sommets de l’artiste anversois. Sir Peter Lely, un Flamand qui a obtenu vers 1670 un énorme succès comme portraitiste (à la chaîne) dans l’Angleterre de Charles II, a finalement mieux «fait», toutes proportions gardées. «L’Honorable Lucy Lotus» ne s’est pas vendue entre 200 000 et 300 000 dollars comme prévu, mais un million et demi. Cinq fois l’estimation haute. Il faut dire qu’on connaît l’intégralité de ses propriétaires depuis la commande, que ce beau tableau se retrouve cité dans une vingtaine d’ouvrages et qu’il a été gravé deux fois… Tout cela compte, de nos jours.

Il fallait surtout que je vous donne le résultat du Bronzino, dont je vous ai longuement parlé l’autre jour. Je trouve en effet frustrantes les sempiternelles histoires journalistiques dépourvues de fin. Simplement «attribué» par prudence à l’artiste, le panneau récemment redécouvert et restauré se voyait estimé entre trois et cinq millions de dollars. Il y avait au moins quatre amateurs au téléphone, selon «Il giornale dell’arte», à qui je pique mes renseignements. C’est cependant un homme assis dans le public qui a remporté le morceau. Il lui aura fallu employer les grands moyens. L’emplette lui aura coûté dix millions de dollars. Un record pour l’artiste qui avait déjà «fait» 9,1 millions en 2015 chez Christie’s. Le Florentin du XVIe siècle appartient ainsi désormais au club des artistes à huit chiffres.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Marché de l’art – Bronzino fait partie des artistes à huit chiffres
Je vous devais la suite de l’histoire. Le tableau, simplement «attribué» par prudence, s’est vendu dix millions de dollars à New York.