Pépite suisse sous pavillon américainBlockchain: Ripple acquiert la fintech vaudoise Metaco
Spécialiste des solutions de stockage de cryptoactifs pour institutionnels, la société vaudoise Metaco a annoncé sa reprise par l’américain Ripple, créateur du jeton XRP. Si l’emploi en Suisse est maintenu, la cession laisse de nombreuses questions en suspens.

C’est un fleuron de l’industrie blockchain romande qui passe sous pavillon américain: la fintech vaudoise Metaco, spécialiste des solutions de stockage d’actifs digitaux, annonce aujourd’hui sa reprise à 100% par la célèbre société américaine Ripple, à l’origine du protocole du même nom, et émettrice du jeton XRP (sixième capitalisation de marché mondiale, 21 milliards). Le montant de la transaction est de 250 millions.
Nouveaux marchés institutionnels pour Metaco
Le mariage n’est pas dépourvu de sens. Depuis sa création en 2012, Ripple œuvre à la création d’un réseau global pour l’exécution des paiements, transfrontaliers en particulier (sorte de concurrent de Swift), et a noué à cette fin de nombreux partenariats avec les acteurs bancaires et institutionnels. Une typologie de clientèle similaire à celle de Metaco, qui a récemment signé la banque américaine Citigroup en juin 2022, ou l’allemande DZ Bank en 2023. Le communiqué de presse commun aux deux entreprises mentionne que «Metaco va considérablement accélérer sa trajectoire de croissance grâce à l’accès à la base établie de centaines de clients de Ripple». Ripple de son côté diversifie son offre «en fournissant aux clients la technologie leur permettant de conserver, d’émettre et de régler tout type d’actif tokenisé».
Emploi maintenu, questions en suspens
Concernant l’emploi, en particulier les 60 employés suisses sur les 120 que compte Metaco, le fondateur Adrien Treccani se veut rassurant. Contacté par «Bilan», il confirme que «tous les emplois actuels seront maintenus, y compris en Suisse», et ajoute que «Metaco reste une entreprise centrée sur la Suisse» qui prévoit «d’engager d’autres talents dans les mois à venir».
Le maintien de l’emploi ne dissipe cependant pas les interrogations que suscite la cession d’un fer de lance de l’écosystème blockchain suisse. Unanimement souligné, le leadership de la Suisse en matière de solutions de stockage d’actifs numériques pour les institutionnels semblait se conforter avec la signature de nombreux partenariats, tant pour Metaco (avec encore en 2022 Forge, du groupe Société Générale) que pour son rival genevois Taurus, qui vient par ailleurs de conclure un tour de table de 65 millions.
Les fonds, précisément, venaient-ils à manquer à Metaco? On se rappelle d’une levée de fonds de série A de 17 millions, mais qui date déjà de 2020. Le communiqué de presse précise que l’acquisition par Ripple va donner à Metaco l’accès à «des capitaux qui vont lui permettre de répondre à la nouvelle demande, et aux ressources nécessaires pour continuer à honorer ses engagements à l’égard des clients bancaires et institutionnels».
Un repreneur en procédure
On se rappelle également de l’ancrage suisse des investisseurs de la série A, avec en particulier Swisscom, Sicpa, Avaloq et La Poste, loin du virage américain actuel mais cohérent avec l’image de coffre numérique suisse véhiculée à l’étranger. Là encore, le communiqué de presse cherche à apaiser, en mettant en avant que «Metaco continuera d’opérer en tant que marque indépendante et unité commerciale dirigée par le fondateur et PDG Adrien Treccani».
Reste que le choix pour Metaco d’un repreneur comme Ripple interpelle, au moment où l’offensive du régulateur américain, la SEC, pénalise l’industrie outre-Atlantique au détriment de l’européenne, désormais au bénéfice du cadre clair et tout frais de la régulation MiCA (avril 2023). Loin d’échapper au mouvement, Ripple est même au cœur de la tempête (voir encadré) avec une interminable procédure engagée à son encontre par la SEC il y a plus de trois ans. Le dénouement, incertain, est attendu pour cette année, et pourrait impacter toute l’industrie crypto américaine.
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