Repenser l’articulation entre vie privée et vie professionnelle n’est plus une option mais une nécessité si l’on veut attirer des jeunes dans certains métiers et permettre aux soignant.e.s en place de se développer au sein de l’entreprise.
Or, les faits sont têtus. Dans la restauration, les client.e.s désirent être servi.e.s le midi, le soir et le week-end. Dans les soins, les malades ont besoin de prestations à toutes les heures de la journée et de la nuit, 7/7 et pendant les vacances scolaires.
Former, revaloriser et transformer
La mise en œuvre de l’initiative pour des soins infirmiers forts acceptée par une large majorité de Suisses et Suissesses va très certainement permettre d’accélérer les changements de paradigmes. Avec 3 lignes directrices: formation, revalorisation et organisation du travail.
La première, la formation, sonne aujourd’hui comme une évidence. Mais l’anticiper hier aurait permis d’atténuer les effets délétères de la pénurie de personnel au moment même où les professionnel.le.s doivent accompagner des transformations majeures dans les besoins de la population.
Concernant la revalorisation des prestations, que certains confondent avec la revalorisation des salaires qui ne peut être qu’un effet indirect de la première, gardons en tête que le choix des métiers dans le domaine santé-social ne relève plus de la seule vocation depuis longtemps. Plus que d’autres professions, ces métiers basés sur la relation et le soutien à l’autre nécessitent un équilibre entre le pour quoi (ce qui anime le soignant) et le comment (ses conditions de travail, notamment). Il s’agit ainsi de réinvestir le monde professionnel du CARE trop longtemps ramené à celui du CURE, par des logiques financières et de minutage des temps imposées par la LAMal et déconnectées des réalités.
En matière enfin des conditions de travail, on cumule les injonctions paradoxales entre les besoins et les attentes des patient.e.s et ceux des soignant.e.s. qui aspirent dorénavant à leur bien-être respectif. La définition-même du bien-être au travail par l’OMS illustre ce champ de tension: «un état d’esprit dynamique, caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part».
Plus de souplesse dans les organisations
Le 25 janvier dernier, le Conseil fédéral a annoncé un avant-projet de mesures pour améliorer les conditions de travail du personnel soignant: obligation de planning à 4 semaines, création de pool de remplacement et majorations salariales en cas de changement de dernière minute. Complexe, compliqué, mais possible!
Dans une institution comme la nôtre, les plannings sont donnés 8 semaines à l’avance et les pools de remplacement existent depuis de nombreuses années. Avec 80% des collaborateurs qui sont des collaboratrices, et environ 90 heureux événements par année, c’est mieux.
«Le bien-vivre ne se décrète pas, il se construit dans la re-connaissance de chacun»
À cela s’ajoute une généralisation du temps partiel, qui concerne 69% des collaborateurs, et des modalités institutionnelles de télétravail pour la petite minorité d’entre eux qui n’est pas sur le terrain en direct avec la patientèle.
Mais flexibiliser l’organisation du travail relève d’une transformation bien plus fondamentale. Cela suppose d’impliquer les collaborateur.rice.s, les patient.e.s et le réseau, notamment les médecins, et d’accompagner des changements organisationnels et culturels.
La pénibilité des métiers dans l’écosystème du maintien et de soins à domicile, avec des prestations délivrées par tous les temps et en tout temps, doit être reconnue et les contraintes des uns et des autres, comprises.
C’est dans ce processus que s’engage l’IMAD pour poursuivre la transformation de son organisation en se basant notamment sur l’intelligence collective, la formation et les avancées technologiques et répondre ainsi aux besoins des patient.e.s tout en permettant aux soignant.e.s de concilier davantage vie professionnelle et vie privée.
Car le bien-vivre ne se décrète pas, il se construit dans la re-connaissance de chacun.

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Politique de santé – Comment trouver l’équilibre entre les besoins des patients et des soignants?
Réussir sa vie et non plus dans la vie? Ce type de questionnements sur le rapport au travail est de plus en plus présent. Face au manque de personnel soignant et pour améliorer le bien-vivre au travail, des évolutions sont nécessaires tant au niveau sociétal qu’organisationnel.