
C’est une sorte de cul-de-sac, au quatrième étage de Beaubourg. L’accès se fait par le cinquième. Il faut descendre un escalier design, conçu il y a quelques années. Le visiteur normal opte alors pour le parcours muséal tournant autour de l’art à partir de 1970. Mais il existe aussi ce lieu d’exposition confidentiel. Pas besoin ici de billet séparé. L’amateur peut découvrir des présentations tournant parfois autour de personnalités jugées peu commerciales, comme Shirley Jaffe ou Hervé Télémaque. Il s’agit cependant le plus souvent d’accrochages prouvant l’accroissement des collections. On sait que leur augmentation est devenue exponentielle, la dation fonctionnant à plein régime. Depuis son ouverture en 1977, le Centre Pompidou a vu son fonds plus que quintupler, alors que le bâtiment n’a pas augmenté de taille.
Tout pour Paris!
En ce moment, le musée propose ainsi «Giuseppe Penone, Dessins». L’ensemble occupe les deux parties de ce lieu d’exposition, que divise un large corridor. Il faut dire que l’artiste piémontais, alors âgé de 73 ans, a eu le geste large lorsqu’il a décidé en 2020 de doter en œuvres graphiques l’institution. Il ne lui a pas donné moins de 328 dessins, tracés entre 1967 et 2019. Les commissaires Jonas Storsve et Laetitia Pesenti en ont retenu 241. Autant dire qu’il s’agit d’une présentation copieuse. Un peu trop, peut-être. Je ne suis pas sûr que l’artiste italien se révèle suffisamment varié pour qu’il n’y ait pas des baisses de tension et d’attention. Le nombre semble d’autant plus excessif que les dessins de Penone vont par la suite se perdre dans les oubliettes. Un peu comme les feuilles contemporaines régulièrement offertes par Daniel et Florence Guerlain. Beaubourg est devenu un musée de la surabondance. Mais aucun artiste international digne de ce nom n’effectuerait une telle donation dans une modeste institution de province. Question de standing. «Il n’est de bon bec que de Paris», disait déjà au XVe siècle François Villon…

Accompagnée de six sculptures de bois, dont deux se sont vues empruntées à des particuliers, l’exposition retrace bien sûr la carrière d’un des survivants de l’«arte povera». Elle invite à voir les rapports qu’entretient son dessin avec la statuaire. Il s’agit d’un moment de réflexion, puis de matérialisation d’un projet. Deux ensembles rappellent en vedettes des réalisations françaises. En 1985 (c’est déjà loin…) Liliane Durand-Dessert, spécialiste de la littérature française de la fin du XIXe siècle, avait demandé à dix artistes dont Penone d’illustrer sa thèse portant sur Lautréamont et Isidore Ducasse. Il y en a neuf témoins dans une petite salle, plus un exemplaire en tirage de tête. Il existe comme cela des thèses plus luxueuses que d’autres! L’autre lot rappelle l’intervention du Piémontais dans le parc de Versailles en 2013. Penone célébrait à sa manière des 400 ans de la naissance du paysagiste André Le Nôtre. Il s’agissait là d’une opération très réussie. Je vous en avais parlé. Versailles n’a pas toujours été à une telle fête quand il s’est agi d’ouvrir son parc à la création contemporaine. Dix dessins rappellent cet événement éphémère. L’exposition actuelle dure, elle, jusqu’au mois de mars.
Pratique
«Giuseppe Penone, Dessins, Centre Pompidou, place Georges Pompidou, Paris, jusqu’au 6 mars 2023. Tél. 00331 44 78 12 33, site www.centrepompidou.fr Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 11h à 21h.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Exposition à Paris – Beaubourg montre le don de Giuseppe Penone
Le Piémontais a offert au musée 328 dessins tracés depuis 1967. Une grande partie d’entre eux sont aujourd’hui proposés au public français.