Selon Ben Bernanke, ancien président de la Réserve fédérale, la stratégie de politique monétaire américaine explique la situation stagflationniste actuellement observée.
Face à une inflation grandissante, le durcissement monétaire aurait dû être quasi immédiat. Cela aurait permis d’apaiser les tensions inflationnistes pour éviter la stagflation, situation dans laquelle se mêlent une faible croissance et une forte inflation.
Toujours selon Ben Bernanke, la stratégie de Jerome Powell peut s’expliquer par sa volonté d’éviter un nouveau «taper tantrum», comme en 2013. L’annonce du durcissement monétaire par la FED avait alors mené à une forte correction du marché obligataire de 115 points de base pour le taux 10 ans.
Néanmoins, ces 10 derniers mois, ce même taux a déjà progressé de 210 points de base tandis que la majorité des classes d’actifs ont enregistré une performance négative ces dernières semaines. La situation a donc été pire qu’en 2013. L’inflation actuelle et les niveaux des marchés actions et obligataires n’ont donc pas donné raison à la passivité de la FED.
Désormais, les craintes se reportent sur un scénario de récession.
L’objectif de la FED est de ralentir l’activité par la demande pour faire baisser l’inflation.
Cette situation est proche de l’environnement macrofinancier des années 80. Pour répondre à une inflation de 14%, le président de la FED Paul Volcker, avait alors entamé une hausse du taux directeur de 9% à 19% avec un impact négatif sur les actions et l’or de 30%, une hausse du taux 10 ans de 9 à 15% et surtout une nouvelle contraction du PIB de 1,8% en 1982. La suite fut plus heureuse: les marchés actions et l’or avaient bondi de plus de 50% dès juillet 1982 jusqu’en juillet 1983, date à laquelle l’inflation avait renoué avec les 3%.
Depuis le début du second trimestre 2022, la FED fait face à un environnement similaire: les actions ont chuté de 14%, l’or de 5%, les obligations en USD ont baissé de 4% et même les obligations indexées à l’inflation ont diminué de 5%. Dit autrement: le durcissement monétaire de la FED a précipité la valeur de nombreux actifs financiers en raison d’un risque de récession grandissant. Une impression de déjà-vu et qui fait écho aux années 80.
Dans le contexte actuel, il est donc trop tôt pour racheter des actions.
Premièrement, l’amplitude du durcissement monétaire n’est toujours pas connue car il reste difficile d’estimer quand le pic d’inflation sera atteint et s’il restera durable. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours dans une phase de transit entre les risques de «stagflation» et les risques de «récession».
Deuxièmement, les bénéfices des entreprises vont davantage se décorréler des performances des marchés. La corrélation était déjà négative dans les années 80. Elle le redevient aujourd’hui.
Deux situations auxquelles s’ajoute un risque potentiel: les prévisions sur la croissance économique ont été revues à la baisse par le consensus mais pas les niveaux de bénéfices pour la fin d’année. Une nouvelle source d’incertitude pour les investisseurs qui pourrait continuer à alimenter la volatilité sur les marchés financiers.

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Perspectives économiques – 2022: comme une Impression de Déjà-vu
La réaction tardive de la FED face à l’inflation a finalement provoqué une situation pire qu’en 2013. Le scenario de récession qui se profile devrait inciter les investisseurs à la prudence sur les marchés financiers. Décryptage.