En temps normal, dans un monde normal, lorsque l’on navigue dans le monde mystérieux de l’investissement, on parle de résultats trimestriels, de perspectives économiques, de développement commercial, de nouveaux marchés, de fusions et d’acquisitions, et même parfois, de taux d’intérêt. Mais là nous ne sommes plus dans un monde normal. Comme l’a dit Macron qui se prend dorénavant pour De Gaulle, «le monde est en guerre». Nous avons donc réduit le spectre de la finance à un seul mot: coronavirus – ou Covid-19 pour ceux qui veulent se la jouer scientifique.
Depuis trois semaines, les marchés vivent donc au rythme des annonces sur le coronavirus. Et comme elles ne sont pas bonnes, autant dire qu’actuellement il est bien plus confortable de passer son week-end dans le tambour d’une machine à laver en cycle essorage que d’essayer de faire de l’investissement. Les bourses mondiales ont perdu tout sens du rationnel. Nous sommes passés de l’analyse financière classique à l’analyse épidémiologique très poussée, la plupart des professionnels de l’investissement s’étant soudainement inventés un diplôme en virologie sur internet.
Mais aujourd’hui, après plusieurs semaines boursières apocalyptiques, nous nous retrouvons complètement groggy au milieu du ring, comme si l’on avait passé la journée à faire les sparring-partners contre Tyson Fury. Les indices mondiaux sont en baisse de 30% – au moins – et les indices de volatilité crèvent des plafonds à des niveaux que nous n’avions jamais vus depuis qu’ils existent. La panique semble être à son comble, et pourtant bien malin qui pourrait dire quand est-ce que cela va s’arrêter.
Il ne se passe pas un jour sans une annonce de confinement ou de restriction de voyage. Et tant que les pics de contamination ne sont pas atteints dans les pays les plus touchés, on peine à voir comment cela va s’inverser. Mais je m’égare et j’oublie que je ne suis pas chroniqueur médical.
Questions sans réponse
Toujours est-il que la violence des journées de baisse, suivies de journées de hausse tout aussi violentes, laisse songeur. D’autant que bien des investisseurs semblent assis dans leur fauteuil en attendant de trouver le fond du trou ou la lumière au bout du tunnel. Ce qui amène à se demander qui est en train de créer une telle violence dans les marchés? Les hedge funds? Le trading algorithmique, qui a tendance à intensifier l’effet «boule de neige»? Ou est-ce plutôt les «ventes à découvert» qui amplifient le tout? Peut-être est-ce tout simplement les trois ensembles, additionnés à un manque de liquidités et une incertitude flagrante.
Alors que l’on essaie de trouver un peu de rationalité dans cette actualité, voici que les banques centrales sont sorties du bois, la Réserve fédérale américaine tout particulièrement, puisque les autres sont à peu près aussi rassurantes que le patron de l’OFSP quand il parle du coronavirus. Depuis quelques jours, la Fed a donc sorti l’artillerie lourde: baisse massive des taux, retour du quantitative easing, injections massives de liquidités. Mais rien n’y fait. C’est même pire parce que l’on considère que la FED panique.
Nous voici donc dans un bear market, 30% plus bas que les records que nous battions tous les jours il y a à peine quelques semaines, avec une Fed en mode «sauvetage». Le gouvernement américain prévoit des plans de relance qui se chiffrent en trillions, mais le marché a peur. Reste peut-être à lancer le dernier débat qu’il nous reste: faut-il fermer la bourse? Certaines voix s’élèvent dans ce sens et les opposants sont légion également. Loin de moi l’idée de prendre position, mais disons que lorsque nous ne sommes plus capables de revenir aux fondamentaux et que les trois quarts de la planète sont confinés chez eux, il serait peut-être bon de confiner également les bourses mondiales, le temps que l’on se sorte de ce long cauchemar. Et puis, ne dit-on pas à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles?
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Coronafinance
«Le marché a peur. Reste peut-être à lancer le dernier débat qu’il nous reste: faut-il fermer la bourse?»