
«Les conseils des PME et des startups sont souvent considérés comme une exigence réglementaire, et pour simplifier le processus ou limiter les coûts, les membres du conseil sont souvent nommés pour simplement cocher les cases. Il s'agit là d'une énorme occasion manquée. » constate Daniel Aghdami , fondateur de BoardOwl place de marché active dans la connexion des petites entreprises et de membres de conseils d’administration. « On sous-estime l'importance d'un conseil parce qu'on le perçoit comme trop éloigné des activités quotidiennes. Au contraire, c'est précisément cette distance qui permet une appréciation plus indépendante des risques et des opportunités. Ce n'est pas seulement le temps investi sur une question importante qui compte, mais le point de vue externe et peut-être des comparaisons avec d'autres entreprises ou industries. Ce qu'un employé ne peut pas faire tout en restant objectif. » précise Mariateresa Vacalli , CEO de la banque Cler et présidente du conseil d’administration de la startup Keen Innovation. - Marie de Freminville , membre du comité du Cercle Suisse des Administratrices abonde : « La gouvernance est un thème encore méconnu, bien que de plus en plus utilisé. Dans l’esprit des salariés, des clients, des fournisseurs ou des lecteurs de la presse économique, c’est le CEO ou Directeur Général qui est responsable de l’entreprise et la dirige. Le Conseil d’administration n’est pas connu, parce qu’il n’est pas en première ligne. Par ailleurs, dans les entreprises familiales, les actionnaires sont aussi les dirigeants. Dans de nombreux cas, le conseil d’administration est un organe formel, et n’est pas un lieu de prises de décision, sauf si les actionnaires ont décidé d’intégrer à leur conseil d’administration des administrateurs indépendants. » - « Dans l’écosystème entrepreneurial suisse, il est vrai que parfois les fondateurs (trices) de startup n’ont pas toujours la bonne compréhension du rôle d’un conseil d’administration. Même s’il faut dire que depuis quelques années, on voit de plus en plus d’entrepreneurs (es) comprendre l’importance du conseil d’administration grâce aux formations offertes et à l’impact des due diligences investisseurs qui regardent de plus en plus près la constitution du conseil d’administration. La problématique est donc l’éducation. Quel est le rôle exact d’un conseil d’administration en Suisse ? Peu de gens savent jusqu’où vont les responsabilités et devoirs des administrateurs et à quel point ces derniers et ces dernières, lorsqu’ils sont bien formé (e)s , peuvent protéger l’entreprise des pièges types qui guettent les jeunes pousses. Mais ce qui est rassurant c’est qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour le sujet et que beaucoup d’entrepreneurs (res) se forment sur la question. » confirme Virginie Verdon , directrice de la Startup Board Member Academy de l'EPFL Innovation Park.
Et pourtant un conseil peut être une source d'innovation et de réussite pour une PME ou startup. - En effet, selon Daniel Aghdami il faut considérer le board comme un prolongement de l’équipe opérationnelle et le composer en conséquence. Outre ses fonctions de gouvernance, un conseil peut contribuer de manière significative au succès de l'entreprise grâce à l'expertise spécifique de ses membres et de leurs réseaux. « Un conseil d'administration peut encourager une PME à innover tout en assumant les erreurs et le, cas échéant, un nouveau départ. Mettre du capital-risque à disposition et aussi montrer des exemples dans d'autres entreprises ou industries. Il peut soutenir un investissement sans avoir encore de données concrètes sur le business case. » poursuit Mariateresa Vacalli.
Comment choisir un membre de conseil adéquat? - « Une analyse SWOT de l’entreprise et une analyse des lacunes en matière de compétences de l’équipe de direction ou fondatrice sont essentielles pour mettre en place un conseil efficace, doté de compétences complémentaires et diversifiées. » souligne Daniel Aghdami. Marie de Freminville abonde: « Il est important, dans un premier temps, de faire le point sur les compétences dont la direction a besoin dans les principaux domaines de responsabilité du conseil d’administration : stratégie, gestion des risques, arrêté des comptes et contrôle interne, nomination et rémunération. Par ailleurs, les administrateurs doivent être suffisamment expérimentés pour pouvoir détecter les signaux faibles, éviter certaines erreurs, soutenir et contrôler le(s) dirigeant(s). Enfin, ils doivent être capables de travailler en équipe, et bien connaître leurs responsabilités. ». Pour Alexandra de Mello , ambassadrice du programme International Directorship (IDP) de l’INSEAD, présidente et membre du conseil de Sing’theatre et Beyond Social Services, Singapour, un membre de conseil optimal est une personne dont l'expertise, le réseau, la connaissance et la curiosité résident là où l'entreprise veut se trouver dans l'avenir. Elledédiera du temps à son travail au sein du conseil, a une bonne capacité d'écoute des autres, participera aux débats, apportera des idées novatrices et aura le courage de diverger du consensus général avec respect.
La diversité d'un conseil a-t-elle un impact?
« La diversité a un impact fundamental » souligne Alexandra de Mello. « Elle évite que tout le conseil réfléchisse dans un vase clos. Elle permet d'évaluer des idées et des risques d'horizons divers. Un membre de conseil adéquat apportera de la diversité au conseil par sa formation, son âge, son expérience professionnelle et personnelle, son genre, sa vision locale/internationale. Il est donc préférable d'avoir au moins deux membres du conseil du genre et âge minoritaires pour favoriser l'adoption d'idées différentes dans les conversations du conseil. » - « La diversité est une richesse de points de vue, qui permet d’examiner les risques et opportunités, de challenger la direction, d’apporter des expériences diverses, et prendre de meilleures décisions. » abonde Marie de Freminville qui tempère: « La diversité d’âge est utile et permet de comprendre le monde vu par des jeunes et d’avoir une meilleure compréhension de l’avenir. En revanche, le manque d’expérience est un handicap au conseil d’administration, qui exige d’apprécier très rapidement une situation, des risques, et d’être en capacité à décider rapidement ». Elle précise : « Il faut avant tout veiller aux conditions effectives dans lesquelles les administrateurs, quel que soit leur profil, exercent leur mission, pour qu’ils aient des effets potentiels sur la performance, à la fois personnellement et collectivement. Les administrateurs sont-ils formés? Ont-ils un parcours d’intégration ? - D'après Virginie Verdon, la diversité est importante à tous les niveaux, car si on constitue un conseil d’administration de personnes aux backgrounds et expériences similaires, on ne profitera pas du même levier que si l’on a une vraie diversité de compétences, expérience, phases d’entreprises, et gouvernance. Mais ce qui compte surtout c’est de constituer le bon conseil d’administration au bon moment. Je ne pense pas qu’un (e) administrateur (trice) soit la bonne personne dans toutes les phases donc il est important de faire des assessments réguliers du conseil et de voir pour chacun (une) des membres s’il ou elle a toujours une rôle à jouer et un valeur ajoutée pour l’entreprise. Donc , plus la diversité est grande et cela va évidemment au delà des genres et générations, plus l’intelligence collective est puissante et donc apporte une vraie contribution à l’entreprise.
Quand on est un(e) professionnel(le) chevronné(e), comment peut-on impacter les petites entreprises tout en continuant à se développer soi-même?
« Il faut être honnête sur ses compétences et sur la valeur qu’on peut apporter. Souvent, les compétences sont transférables dans d'autres secteurs que celui de sa propre carrière de cadre, il faut donc saisir l'occasion d'élargir son expertise et d’en apprendre plus sur les nouvelles tendances et technologies grâce à un poste au sein d’un conseil. Il faut être un membre actif et solidaire du conseil, se sentir comme une extension de l'équipe de direction » analyse Daniel Aghdami. Alexandra de Mello abonde: « Un membre de conseils'intéressera à devenir un expert dans le secteur de l'entreprise en question s’il ne l'est pas déjà. » - Selon Virginie Verdon la question pour les startup est de savoir ce qu'on entend par un(e) professionnel(le) chevronné(e). « On peut avoir des administrateurs (trices) seniors qui n’ont pas d’expérience dans les petites structures ou startup et qui n’auront pas nécessairement les bons réflexes. Une startup n’est pas une petite version d’une grande entreprise. Il est souvent beaucoup plus difficile de siéger dans un conseil d’administration de petite structure que de grande taille. La raison c’est que l’on a peu de moyens à disposition, peu de temps, peu de ressources, donc les administrateurs (trices) doivent connaître les détails de beaucoup de sujets et détecter les risques de manière anticipée. Or la vitesse d’une startup peut surprendre. C’est souvent comme embarquer dans une formule 1. Il faut donc avoir de l’entraînement!»
Comment la technologie soutient un matching optimal entre entreprises et professionnels pour les postes au sein des conseils d’entreprises? - Selon Daniel Aghdami, chez BoardOwl l'utilisation d'un algorithme intelligent permet d'économiser du temps et de l'argent grâce à la présélection de « candidats » appropriés au niveau des compétences sectorielles et géographiques, ainsi qu'à l'affinité avec les traits personnels et les valeurs recherchées par une entreprise. L'élément humain reste une partie importante du processus, et l'utilisation de la technologie au début du processus de sélection - et par l'automatisation plus tard - permet d'avoir un impact encore plus important sur un plus grand nombre d'entreprises grâce à l'efficacité, l'accessibilité et la réduction des coûts.
Durant cette période de crise, de quel type d'expertise a-t-on besoin ? - « On a certainement besoin de la capacité à équilibrer les besoins à court terme et ceux à moyen et long terme. En d'autres termes de maintenir une entreprise opérationnelle (en mettant l'accent sur ce qui est important) pour accompagner la crise actuelle mais aussi sans mettre en péril les investissements importants pour l'avenir. Il est certain que la transformation digitale et la capacité à s'adapter au changement sont essentielles. Les besoins des clients demeurent, mais les canaux de communication ont changé. Les entreprises doivent s'adapter rapidement aux nouveaux besoins. » conclut Mariateresa Vacalli.
Que vous soyez une petite entreprise à la recherche du membre de conseil idéal ou un(e) professionnel(le) qui désire apporter son expertise à un board, rejoignez-nous en ligne le 25 mars à 11h45 à l’event « Le Board-moteur d’innovation» et découvrez les bénéfices d’un conseil d’administration pour les PME et startups.
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Le conseil d’administration: superflu pour les petites entreprises ou moteur d’innovation?
Pourquoi sous-estime-t-on l'importance d'un conseil d’administration dans une PME ou startup? Un board peut-il être une source d'innovation et de réussite dans une petite entreprise? Comment choisir un membre de conseil adéquat? La diversité d'un conseil a-t-elle un impact? Quand on est un(e) professionnel(le) chevronné(e), comment peut-on impacter les petites entreprises tout en continuant à se développer soi-même? Comment la technologie soutient un matching optimal entre entreprises et professionnels pour les postes au sein des conseils d’entreprises? Durant cette période de crise, de quel type d'expertise a-t-on besoin? Voici les questions posées à quelques professionnels expérimentés qui nous guident à travers le monde souvent méconnu, ou du moins sous-estimé, des conseils d’administration dans les petites entreprises.