Que restera-t-il de la place financière suisse après les attaques successives dont elle fait l’objet? Tout d’abord, la grande mode chez les banques internationales d’avoir son pied-à-terre à Genève, qui donnait à ces dernières leur crédit de «private banker», c’est fini. Certains établissements se rendent compte que les contraintes de Bâle III, le risque de réputation du métier de banquier privé et sa rentabilité en chute libre le rendent beaucoup moins attractif, voire dangereux. Des instituts internationaux ont déjà cédé par le passé leur division de private banking (ABN Amro, notamment), d’autres sont tout juste en train de le faire (Merrill Lynch, par exemple). A la manière parfois d’une première baignade de saison dans le lac Léman, en testant la température d’un orteil. On brade un segment de clientèle, on vend un book. Qui veut des clients à moins de 5 millions de francs sous gestion? Qui veut mes Allemands ou mes Espagnols en attente des conditions de l’amnistie du gouvernement Rajoy pour savoir à quelle sauce on pourra les déguster? A terme, des banques internationales pourraient même brader toute leur banque privée. A l’image des banques françaises implantées à Genève: elles mettaient déjà extrêmement mal à l’aise le gouvernement Sarkozy, on ose imaginer ce qu’en pense le nouveau locataire de l’Elysée...
Du côté des gérants indépendants helvétiques, cette fois, il sera difficile de traverser cette révolution de place sans encombre. La FINMA les obligera à devenir des banquiers comme les autres ou les fera disparaître. Quant à la pression internationale sur la Suisse, elle ne fléchira pas et nous serons montrés du doigt ces prochains mois par les Américains (quelle que soit l’administration en place) et les Européens qui ne supportent plus cet îlot de prospérité au milieu d’un océan de tumultes.
Pendant ce temps-là à Berne? Le Conseil fédéral continue d’étriller le banquier... Oui, on sait, ils ont fait des bêtises, mais est-ce que de Gaulle s’acharnait après 1940 sur ceux qui devaient tenir la ligne Maginot? Une telle attitude qui pousse, à chaque fois, les autorités à jouer les bons élèves sur la scène internationale, tant nous sommes sur la défensive au sujet des banques, nous plombe. Quelle victoire peut-on remporter en appliquant une stratégie perdant-perdant telle que celle mise en place aujourd’hui par la Confédération? Soumis à toutes ces contraintes, le private banking made in Switzerland va donc s’étioler. Les établissements vont se racheter entre eux au profit des banques suisses traditionnelles qui vont gagner en poids, et ce métier deviendra un «boring business» qui aura plus à voir avec la fiscalité des clients qu’autre chose. Jusqu’au prochain cycle.
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Vers le reflux bancaire