Contre toute attente, certaines organisations parmi les plus monolithiques se sont réveillées ces dernières semaines.
L’ONU et le FMI ont démontré qu’elles avaient une certaine marge de manœuvre, et même d’action, sur les dossiers les plus chauds. La première en gérant avec vista les crises libyenne et ivoirienne. La seconde en revenant sur des postulats économiques de l’école la plus pure du libéralisme en matière de gestion des comptes publics des Etats.
Que s’est-il passé pour que le «machin» reprenne de la vigueur et que le Fonds, qui fut l’une des institutions les plus honnies par les pays pauvres de ces dernières décennies, voient leur cote réhabilitée ? FMI et ONU ont chacun fait dans leur domaine l’apprentissage de la nouvelle réalité. Et ce n’est pas par altruisme, ni après une profonde remise en question de leur vision du monde que ces institutions ont évolué. Elles ont simplement adapté leur manière d’agir au changement de rapport de force dans le monde.
C’est l’émergence d’une nouvelle gouvernance internationale qui prend en compte les nouveaux équilibres et la perte de leadership des Etats-Unis et de l’Europe au profit de l’Asie et d’autres pays «émergés». Changement de patrons (ou, au moins, arrivée de nouveaux acteurs forts dans la discussion) veut dire changement de mentalité et émergence d’un nouveau libéralisme qui ne craint pas une intervention de l’Etat plus forte pour imposer certains cadres.
Cela passe par une définition plus claire de ce qu’est la sphère publique. La catastrophe de Fukushima remet le débat là où il doit être: jusqu’où laisser à des privés la gestion d’infrastructures véritablement publiques puisque leur bon fonctionnement conditionne le bien-être de toute la population? Mine de rien, c’est un pas énorme que de reconsidérer et de réévaluer l’apport des institutions publiques dans la sphère internationale comme dans la gestion des pays après trois décennies d’une vision qui tendait au «zéro Etat».
Et c’est pour cela qu’au moment où ce débat s’ouvre, les Etats-Unis semblent si faibles. Le gouvernement Obama enterre doucement le nouveau Green Deal qu’il défendait à son arrivée à la Maison-Blanche. Tout en restant sourd aux alertes des autres pays qui le somment de ne pas compter sur eux pour régler ses problèmes d’endettement. Voilà pour la politique. Sur le plan des idées économiques, les économistes libéraux - dont les Etats-Unis constituaient le modèle - ont gagné une bataille par forfait quand personne n’est venu sérieusement les challenger après la crise de 2008. Ils doivent maintenant sérieusement plancher pour alimenter le débat des idées.
STÉPHANE BENOIT-GODET RÉDACTEUR EN CHEF
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Nouvelle gouvernance