Faut-il parler de la rémunération des banquiers?
La dénomination «banquiers» est ici générique. Que ceux-ci soient traders, analystes, gérants de hedge funds, CEO ou banquiers privés, oui il y a un intérêt public à savoir ce qui se passe dans les intérêts privés des gens de la finance au moment où Gordon Brown et Nicolas Sarkozy ont noué une alliance pour taxer à environ 50% les bonus alloués dans la branche. Il y a des moments ou l'intérêt privé doit s'effacer devant l'intérêt public.
Les banquiers privés à la même enseigne que les patrons de banques cotées qui doivent dire dans un rapport annuel ce qu'ils touchent, de combien de stock-options ils disposent et ce qu'ils en font? Et pourquoi pas? La maison de verre n'est pas encore à l'ordre du jour mais au moment où Patrick Odier, président de l'Association suisse des banquiers, émet l'idée d'une déclaration sur l'honneur qui obligerait les clients de ces derniers à assurer qu'ils ne trompent pas leur fisc national, pourquoi ne serions-nous pas en droit de demander à M. Odier comment les banques gèrent leurs affaires?
Et pourquoi ne pas demander ce que gagne un banquier privé, le saint des saints de la confidentialité? La crise qui a éclaté l'été 2008 a démontré l'interconnexion de la finance mondiale à tous les niveaux et l'importance de connaître le rôle de chacun dans le système, tant les trous noirs sont multiples et les risques de dérive im portants. Les banquiers qui réclament l'application du secret absolupour leur profession alors même que celle-ci a plongé le monde dans la crise et obligé les pouvoir publics à injecter des centaines de milliards de dollars pour éviter une faillite globale, ceux-là sont-ils crédibles en demandant que l'on pose un mouchoir pudique sur leur secret de famille?
Assurément, non. Il ne faut pas se tromper de combat. Les banquiers doivent se ressaisir après avoir fait amende honorable, s'expliquer sur leurs pratiques, redevenir des professionnels qui s'adressent à leurs clients dans le cadre de la légalité et ne pas oublier de s'expliquer devant la collectivité. Il sera toujours temps ensuite de savoir à quel montant ils doivent être taxés et s'il faut moins les imposer qu'à Londres ou à Paris pour conserver un avantage compétitif en tant que place financière. Mais dans l'immédiat, de la transparence svp!
À nos lecteurs Myret Zaki rejoint le magazine Bilan Myret Zaki, jusqu’ici responsable des pages finance du quotidien Le Temps , rejoint notre magazine avec le titre de rédactrice en chef adjointe. Myret, l’une des journalistes les plus talentueuses de sa génération, a notamment écrit une enquête dans un livre qui fait date – «UBS, les dessous d’un scandale» – et ses nombreuses interventions à la télévision et à la radio l’ont imposée comme la meilleure vulgarisatrice de la finance en Suisse.
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La fin d'un autre secret