Il y a lieu de s'inquiéter très sérieusement et des experts tirent la sonnette d'alarme.
Les accidents sont rarement accidentels. C'est ce qui ressort d'un livre passionnant actuellement en librairie. Le bien nommé Flirting with Disaster de Marc Gerstein, professeur de management, explique que les organisations n'apprennent pas des erreurs passées en ce qui concerne la prévention des catastrophes.
Le rail suisse se trouve aujourd'hui dans une situation de sécurité très proche de celle où se trouvait le transport aérien helvétique avant de connaître une série de crashs qui a coûté la vie à plus de 300 personnes. Le trafic entre Lausanne et Genève explose, les problèmes de sécurité se multiplient mais les procédures de contrôle qui permettraient de monitorer correctement l'évolution des incidents pour prévenir un éventuel grand accident ne sont pas mises en place.
Pire, la distinction entre l'autorité de surveillance en charge de la sécurité des chemins de fer, l'OFT (Office fédéral des transports), et les CFF n'est pas correctement assurée. Et si Flirting with Disaster nous apprend quelque chose, c?est que ce type de problème de gouvernance fut à l'origine de nombreuses catastrophes. A l'instar de l'inaction des autorités sanitaires américaines au sujet du très controversé médicament Vioxx qui se révélera fatal pour des milliers de personnes. Plus près de nous, Swissair connaissait justement ce type de proximité malsaine avec son régulateur avant que ne surviennent les quatre crashs qui détruiront la réputation suisse dans le domaine des transports.
En 2006 déjà, l'OCDE préconisait la mise en place d'un régulateur fort et indépendant du politique pour le rail. Ce qui a été fait dans le domaine des télécoms, de l'énergie, mais pas des chemins de fer. Pourquoi? Le marché des marchandises a été libéralisé, celui des voyageurs va suivre, avec potentiellement une augmentation du trafic au moment où le système de gouvernance actuel montre ses limites. Il y a lieu de s?inquiéter très sérieusement et des experts tirent la sonnette d'alarme.
Dans l'immédiat, un audit externe permettrait d'y voir plus clair. Dans le transport aérien, le Département fédéral des transports avait commandé cette étude APRÈS les crashs et décidé à la suite de celle-ci d'augmenter les effectifs de Skyguide de plusieurs dizaines de postes et de rendre le régulateur plus indépendant. Le même département serait bien inspiré cette fois-ci de commander un tel audit avant que ne survienne une catastrophe. B
A noter Hélène Béziat rejoint Bilan. Jusqu'ici rédactrice en chef de l'édition suisse de Marie Claire, notre consoeur devient à partir du 1er août responsable de nos Hors Série. Diplômée de la Sorbonne et d'une grande école de commerce, Hélène dispose d'une solide expérience dans la presse francophone; elle a ainsi auparavant travaillé pour Prisma Presse comme assistante d'édition d'Axel Ganz. Experte du luxe, Hélène dépendra directement de la rédaction en chef de Bilan.
Photo: Stéphane Benoît-Godet / © D.R.
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Flirter avec le désastre