Xavier Dolan: générosité & amour
Une Masterclass très attendue par le public du Geneva International Film Festival, de son prestigieux invité Xavier Dolan. Xavier Dolan, âgé de 30 ans seulement et déjà huit films à son compteur.
Il est 16h et la file d’attente dont on ne distingue pas la fin est peuplée de gens de tous âges, de tous styles et de tous genres. Vraisemblablement, le talent de Xavier Dolan n’épargne personne. Je parviens tout juste à trouver une place au parterre de l’auditorium qui se trouve à moins de 4 mètres de la scène où Xavier Dolan va s’assoir et répondra aux questions de la modératrice Raphaële Bouchet. Il salue le public, vêtu simplement; un t-shirt blanc habillé par une chemise à carreaux verts. Je remarque ses bottines noires, la petite touche originale qui fera que même modestement habillé, ce mec est trop cool! C’est de toute évidence la maitrise de ces petits détails, ces petites touches subtiles, qui font de Xavier le maître de composition cinématographique qu’il est devenu.
Xavier, Xav, X, raconte humblement comment il a commencé. Il nous dit, sans gêne et sans filtre, qu’il ne connaissait absolument rien à la réalisation. Il utilise des termes propres et exacts, il se moque de lui-même comme les acteurs savent bien le faire. Il imite des gens pour nous raconter une scène réelle de sa vie et nous sommes propulsés instantanément dans le décor de ce moment de vie qu’il nous conte si généreusement. Le public est hypnotisé par sa présence. La générosité de Xav, dans ses films, dans sa conférence, dans son jeu d’acteur, dans sa passion, dans la façon dont il partage le récit de ses expériences nous donne cruellement envie de faire partie de sa vie, ne serait-ce que pour une heure.
Ce qui nous laisse sans voix, le coeur en ébullition, rempli d’amour et de strass, c’est d’être si proche d’un être si grand. Grand par son audace, grand par la confiance qui émane de lui, grand par son authenticité. Un surdoué doté d’un soupçon d’arrogance puérile, mêlé à une modestie et une humilité qui se confondent presque en de la timidité. Nous pardonnons aisément tout à Dolan parce qu’il est lui, parce qu’il est vrai, parce qu’il est entier. Xavier Dolan nous décomplexe et nous enivre d’espoir et d’amour.
Un réalisateur, un narrateur, un poète qui enfin ose nous jeter en plein visage toutes ces émotions que nous avons gardées secrètes, pesant sur nous au fur et à mesure que nous vieillissons, devenant un poids si lourd qu’elles finissent trop souvent par triompher sur nous. Se retrouvant assujettis, nous capitulons pour devenir ces êtres petits et aigris, vous-même oui, ou alors peut être quelqu’un que vous avez connu ou connaissez; un parent, une soeur, un ami d’enfance dont l’identité est prisonnière, destinée à n’incarner que ces émotions de tristesse et de rancoeur.
Heureusement, Xavier nous aime, tels que nous le sommes, ni plus ni moins. Il nous dit “ce que tu as vécu je l’ai vécu, et d’autres aussi l’on vécu. Accepte ton histoire, parce que dans la souffrance demeure l’amour et dans l’amour demeure la beauté”. Nous décelons les traits d’un homme qui s’est battu pour son rêve qu’il a réussi à traduire en projet concret, malgré la solitude qui l’a accompagné tout au long de ce chemin.
Huit films ça semble beaucoup, mais moi j’en redemande encore et encore. Xavier nous parle de l’avenir et nous avoue qu’il aimerait se lancer dans du cinéma de genre; autrement dit: suspense/horreur. Mais aussi, il désire retourner devant les caméras et jouer pour “d’autres” réalisateurs. Je suis amusée par sa façon de dire qu’il souhaite jouer pour d'autres réalisateurs, comme si le réalisateur en lui était un être à part (entière).
En parallèle, il a déjà commencé à adapter une pièce de théâtre, La nuit où Laurrier Gaudreault s’est réveillée, en mini série de cinq épisodes. Une histoire de famille et oui, parce qu’il y a toujours tellement à dire, parce que personne ne la choisit et surement aussi pare qu’elle nous force à nous dépasser. Un projet de longue haleine puisqu’il espère la faire au cours des 2-3 prochaines années. Il reste encore à Dolan deux épisodes à écrire et un/des investisseur-s à trouver mais comme tout semble lui réussir, nous n’avons aucun doute sur ses capacités à mener à terme ce nouveau projet fascinant.