
L’indice MSCI World des semi-conducteurs a affiché une hausse de 47% en 2020, en pleine pandémie, malgré une chaîne d’approvisionnement complexe et à risques… Une illustration du caractère omniprésent de ce secteur, traditionnellement sanctionné en période de récession, mais devenu la colonne vertébrale des sociétés modernes. Sans lui, pas d’électronique grand public, d’aérospatiale, d’automobile, de finance, de médecine ou de commerce «digitalisé».
Les investisseurs sont donc prêts à payer plus: les ratios de valorisation atteignent des niveaux historiques; les ratios cours sur bénéfices (P/E) sont en moyenne supérieurs à 30x, et certains acteurs valorisés à des niveaux records. Mais tous ne se valent pas. Certains paraissent irremplaçables en raison de leur leadership technologique, comme ASML et TSMC. ASML conçoit les machines de lithographie permettant de graver les designs des AMD, Nvidia ou autre Apple sur les couches de silicium, avec un quasi-monopole sur les gravures les plus fines: de lui dépend toute la production des technologies de dernière génération (smartphones et PC, intelligence artificielle, cloud, 5G). Autre acteur clé, le fondeur taïwanais TSMC produit plus de 50% des puces mondiales.
Car c’est un fait: au leadership des Etats-Unis et d’Intel a succédé celui de Taïwan, de la Corée du Sud, de la Chine et du Japon. Et l’actualité récente nous montre que les capacités sont orientées vers les secteurs et clients les plus rentables. Alors que la crise sanitaire a renforcé la demande sur tous les marchés finaux, ce sont les processeurs pour smartphones, PC, serveurs (cloud computing et minage du bitcoin notamment) et consoles de jeux qui ont été privilégiés. Difficile de servir le monde entier en puces quand il n’y a que trois fondeurs actifs sur ce marché (TSMC, Samsung et Intel) qui souffre de difficultés de production. En bref, la compétition et l’innovation technologique ont dessiné un nouveau paysage dans lequel les clients américains dépendent d’une île taïwanaise à une encablure… de la Chine.
Une situation de pénurie
C’est ainsi que, malgré une production de processeurs à son maximum, des acteurs clés de la «tech» américaine comme AMD ou Nvidia souffrent de pénurie d’approvisionnement, que des géants comme Microsoft et Sony peinent à servir la demande sur leurs dernières consoles, ou enfin qu’Apple aura dû patienter un mois pour produire ses iPhone 12. La dernière victime de la pénurie est l’industrie automobile: une voiture électrique intègre 1000 à 3000 semi-conducteurs mais n’offre pas la même rentabilité pour le fondeur de puces. Au point que si TSMC, STMicroelectronics et Infineon s’activent pour répondre à la demande, les constructeurs automobiles doivent se préparer à des hausses de prix de 10 à 20%.
Plus stratégiquement, alors que les Etats-Unis et la Chine s’affrontent de manière indirecte, l’attention est portée sur TSMC: dans la course technologique, Taïwan semble affirmer son avance. Et si Intel ne rattrape pas son retard, l’île deviendra le plus grand enjeu technologico-stratégique des prochaines années, alors que la demande continue de croître via l’internet des objets et l’intelligence artificielle…
Mendon Qestaj, analyste pour les secteurs technologie, médias et télécoms chez Bordier & Cie
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Un secteur incontournable pour 2021
Habituellement sanctionné en bourse lors des phases de récession, le secteur des semi-conducteurs est sorti comme l’un des grands gagnants de l’année 2020. Il va continuer à s’imposer sur le plan stratégique.