L‘info largement médiatisée sur les Allemands professionnellement très qualifiés qui quittent la Suisse alémanique après y avoir passé de longues années a suscité de nombreux commentaires en Suisse romande. Pour les uns, ce fut l’occasion de faire la leçon aux Alémaniques, en montrant du doigt leur dialectomanie qui agace les Allemands comme les Romands, tandis que d‘autres furent visiblement choqués par cette perte d‘attractivité de la région de Zurich, locomotive économique du pays.
Si les Allemands rentrent chez eux après avoir afflué en masse depuis la mise en vigueur des accords sur la libre circulation des personnes, il faut quand même s‘alarmer un peu, non?
En fait, cette évolution n‘a rien d‘étonnant, car depuis des années, le Bade-Wurtemberg et la Bavière connaissent un essor économique ininterrompu . Beaucoup de PME de Suisse orientale en dépendent directement, aujourd‘hui. Membre moi-même de la Wirtschaftskommission de la ville de Romanshorn (lac de Constance), je sais de quoi je parle.
Il y a plus. C‘est que même des personnes hautement qualifiées, et sachant calculer, ne se rendent compte qu‘après bien du temps que les hauts salaires et les impôts bas ne constituent que la moitié de la vérité du quotidien du contribuable et consommateur helvétique. L‘autre moitié, c‘est le coût à leurs yeux exorbitant des loyers, de la nourriture, des vêtements, de la mobilité, des frais de santé (et de dentiste!) en Suisse par rapport à l‘Allemagne. Et gare aux impôts et taxes cachés à première vue.
Ma compagne allemande - aux revenus comparables aux miens, elle vivant du côté allemand, moi du côté suisse de la frontière - elle a autant de pouvoir d‘achat que moi, malgré des impôts nominellement plus importants.
J‘ai l‘impression d‘ailleurs que l‘Allemagne du Sud va mieux tandis que la Suisse va moins bien . Chez nous, on voit maintenant des cantons, des villes et des communes se mettre à lésiner sur leurs services. Dans bien des secteurs du privé, il y a moins de postes à pourvoir . Les anciennes recettes de la compétitivité ne rapportent plus. L‘ambiance générale n‘étant plus à l‘optimisme, la générosité envers les nouveaux venus s‘en est allée, et la xénophobie monte, à Genève encore davantage qu‘à Zurich.
La Suisse semble prise dans un mouvement de repli, l‘exode allemand côté Zurich en est un symptôme, mais le résultat pourrait bel et bien être l‘isolement du pays, cela dépend de l‘issue des votations de l‘an 2014, où nos relations avec l‘Union européenne sont mises à disposition. Perspective: après des décennies de prospérité, les années maigres.
Ajoutons que ce mouvement de repli trouve son écho à l‘intérieur du pays, puisque les deux régions linguistiques principales continuent à suivre leur trajectoire centrifuge . Voyez seulement l‘échec des éditeurs alémaniques à gérer un grand journal romand...
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Ces Allemands qui retournent chez eux...