C’était le 8 juin à Villeneuve. Bombardier, fabricant canadien de matériel ferroviaire, annonce la suppression de 650 postes sur ses sites de Villeneuve et Zurich: trois quarts de postes temporaires et une trentaine de postes fixes. Sur le parking du fabricant, les plaques françaises dominent, mais personne n’a le mauvais goût de souligner l’origine des temporaires. Bien trop délicat politiquement.
C’est que la libre circulation des personnes, en vigueur depuis le 1 er juin 2002, arrange bien du monde. A Berne, le Seco n’y voit que des avantages, même s’il souligne que le fossé économique entre la Suisse et l’UE «induira à coup sûr de nouveaux mouvements migratoires». Les chefs d’entreprise voient une main-d’œuvre abondante, souple et bon marché se presser au portillon. L’AVS compte sur elle pour équilibrer ses comptes. Elle est bonne pour le capital. Le monde politique, à l’exception de l’UDC, est acquis à l’idée de sauver les bilatérales. Les syndicats? Nourris à l’internationale, ils voient d’un assez bon œil ce marché du travail sans frontières.
En décembre, le Parlement a décidé de ne pas définir de plafonds et de contingents annuels qui limiteraient le nombre d’autorisations de séjour. Il a adopté une loi conforme aux accords avec Bruxelles et cherché à accorder la priorité d’embauche aux chômeurs résidant en Suisse. On voit déjà le danger d’une bureaucratie étouffante: «Il est tout naturel que les entreprises établies en Suisse se sentent responsables de faire travailler les personnes qui y vivent», plaide pourtant le Centre patronal vaudois.
Un déséquilibre évident - -
Mais libre circulation des personnes signifie-t-elle libre établissement, au mépris de la qualité de vie et des équilibres sociaux? Peut-on admettre sans réagir le dumping social? Que l’hôtellerie et la restauration, où le chômage atteint des pics, embauchent sans limites de pseudofrontaliers venus de l’autre bout de l’Hexagone?
L’intérêt à trouver du travail en Suisse ne cesse de grandir. Mais quel type de développement et quelle croissance voulons-nous? Basés sur quels flux migratoires? Si ce n’était qu’une question de chômage, tous les retraités défendraient la libre circulation, cela protège leur rente, plaide le conseiller national PLR genevois Benoît Genecand, un des rares de son parti à remettre en question la libre circulation.
Le déséquilibre est évident entre les 4 millions de travailleurs en Suisse et ceux de l’UE où le modèle juridique, économique et social est bien différent. La fin de la libre circulation ne devrait pas diminuer l’attrait des Européens à venir travailler en Suisse, mais il faudrait quand même pouvoir réguler le robinet.
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Libre circulation ou libre établissement?