Depuis 2008, la finance classique vit des conversions majeures. -
Au sortir de la crise, des gérants d’actifs qui étaient spécialisés dans la gestion alternative – vedette incontestée des années 2000-2007, jusqu’à l’affaire Madoff - se sont orientés vers les situations spéciales telles que le marché secondaire de la dette défaillante. D’autres ont transité des actions vers l’investissement dans les terres agricoles d’Ukraine, d’autres encore vers les métaux précieux physiques garantis par le prince du Liechtenstein.
Les idées étaient pertinentes car les investisseurs cherchaient des solutions de remplacement au marché classique. Mais c’était sans compter l’avènement d’une innovation financière majeure: la cryptofinance. Si bien que, ces dernières années, lorsqu’on s’enquérait des affaires de ces mêmes gérants d’actifs, ils nous regardaient comme si nous parlions d’une autre ère: tous s’étaient convertis, en rafale, à la blockchain. L’un avait délaissé les fonds sur l’or physique pour les fonds sur les cryptomonnaies, l’autre avait rejoint une firme californienne active dans les ICO (émissions de jetons ou tokens) et adhérait à «la digital asset economy», l’autre participait à l’émission d’une cryptomonnaie sonore et le dernier a mis de côté les terres pour monter des conférences sur la crypto-économie.
On pourrait donc penser que la transformation de la finance suisse passe avant tout par une conversion à la blockchain. Cette vague impressionnante n’est toutefois pas pour l’instant le phénomène principal. Attirant les plus aventuriers de la finance, elle sera peut-être profondément transformatrice sur un horizon à 20 ans, mais comporte dans l’immédiat des bulles spéculatives et des risques réglementaires non négligeables.
De 19 000 dollars en décembre dernier, le cours du bitcoin est redescendu à 6000, variation vertigineuse (observée sur la plupart des autres cryptomonnaies) qui a calmé bien des ardeurs. Sans compter les difficultés à authentifier les ayants droit économiques qui souscrivent aux émissions de tokens.
Une autre transformation a attiré notre attention. Elle avait au départ les apparences d’une mode, mais s’avère une véritable lame de fond, qui touche les acteurs établis de la place: c’est la conversion à la finance durable. Pour un nombre croissant d’établissements, comme J. Safra Sarasin, Edmond de Rothschild, mais aussi pour de grands assureurs comme Swiss Re, la finance devient par définition durable. D’autres comme Lombard Odier ou Mirabaud axent leurs nouvelles propositions sur des produits à dimension verte ou éthique.
La place financière étoffe sans cesse son offre de fonds ou de mandats de gestion qui respectent les critères sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG), ou encore d’obligations vertes, ou de placements dans des entreprises non cotées en vue d’avoir un impact positif sur certains secteurs ou certaines régions. Les thèmes de la finance durable convergent avec ceux de la philanthropie de nouvelle génération, qui passe par un soutien visant un impact sur l’environnement, l’éducation, la culture, ou l’égalité des genres. Mais la finance durable a en plus l’ambition de rémunérer ses clients, et nombre d’études viennent prouver ses mérites en tant que placement.
A l’opposé de la cryptofinance et ses courbes en forme de roller coaster , la finance responsable déploie sa surperformance sur le long terme. Les investisseurs, à commencer par les plus grandes caisses de pension suisses, y adhèrent en nombre croissant. A terme, la cryptofinance recèle sans doute le potentiel le plus transformatif et disruptif; mais elle doit encore arriver à maturité.
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Les conversions de la finance