Nous assistons, ces temps, à l’américanisation de l’élection présidentielle en France. Quelques mois après le match Clinton-Trump, la France nous sert en pâture le passé, le présent, l’être et l’avoir de chaque candidat dans les médias, ce qui serait une excellente chose si ces informations n’étaient exploitées à des fins aussi politiciennes. Souvent ressort la question de qui possède, parmis ce fatras, l’étoffe d’un «présidentiable». Alors, s’il fallait dresser en creux le profil de celui qui éviterait les pièges du mauvais buzz, de la parole qui tue, de l’affaire de trop, que ferait ce candidat «idéal»?
- Pour commencer, il vérifiera chaque mot, chaque information donnée. En 2017, l’improvisation n’est plus une option en politique. Les contre-vérités ne sont que trop aisément relevées par le premier twittos venu. On peut répliquer que les inexactitudes n’ont pas empêché Donald Trump d’être élu. Mais c’est parce que son constat premier, lui, était parfaitement juste: l’Amérique va mal, la globalisation y a fait trop de perdants, clairement oubliés par le camp démocrate.
Ce constat était à lui seul si juste que ces perdants de la globalisation ont fermé les yeux sur toutes ses autres approximations, afin d’élire celui qui s’adressait à eux. Les mêmes mécanismes semblent opérer jusqu’ici avec Marine Le Pen. Mais la victoire de Trump était courte, et se faire épingler à chaque prise de parole peut achever de compromettre une popularité durement gagnée. Notre candidat, lui, ne sera donc jamais pris en train d’affirmer gratuitement un fait inexact. Trop bête.
- Il n’utilisera aucun terme à potentiel péjoratif à l’égard d’un groupe social. «Je ne suis pas autiste», expression qui existe dans le langage commun, a valu à Fillon la dénonciation de SOS Autisme France. Un mauvais buzz de plus. Certes, durant un débat télévisé, une prise de précaution élevée serait de nature à freiner le débit du candidat et à l’inciter à un langage aux intonations trop officielles et politiquement correctes: mais oui, ressembler à François Hollande, c’est le prix à payer. Etre ennuyeux plutôt qu’être condamné.
- Dans cette liste figure aussi le passé. Le passé juridique, en particulier. Avoir bénéficié de faveurs ou abusé de près ou de loin de sa fonction, avoir laissé des procédures en justice non réglées, avant de se lancer à la course à la présidentielle, est inconcevable. Qui peut sérieusement entrer dans le jeu politique sans avoir neutralisé toutes les casseroles exploitables par ses adversaires? Qui peut laisser disponibles des faits compromettants, faciles à obtenir pour ses ennemis et à faire fuiter dans la presse? Le candidat avisé va donc se munir d’une armée d’avocats, pour procéder à un nettoyage approfondi concernant toutes situations délicates antérieures, et traces physiques ou électroniques de celles-ci.
- Le risque de surveillance des communications est réel. Un candidat qui veut vraiment échapper au scandale parlera pour ne rien dire au téléphone. Idem pour toutes ses apparitions sur photo et vidéo : le privé n’existe plus, en ce qui le concerne. Il fera aussi en sorte de régler ses dossiers médicaux et d’avoir des attestations de bonne santé physique et mentale, même s’il croit qu’elles resteront aux seules mains de son médecin.
- Faire preuve de discernement lorsqu’on parle de salaire, de niveau de vie des Français. Affirmer qu’on a vécu dans la précarité avec 1000 euros par mois, comme l’a fait Macron, relève du syndrome «Marie-Antoinette». Désastreux. Fillon, face aux complaintes du personnel soignant d’une maison de retraite, s’est lancé dans des explications macroéconomiques, quand dans ces moments seule l’empathie comptait.
Qui veut encore être président?
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Le profil du «présidentiable»