L’or est désormais perçu comme la seule monnaie de thésaurisation, aux côtés de rares monnaies comme le franc suisse.
Les critiques face au gonflement des réserves d’euros de la Banque nationale suisse révèlent un malaise plus général. Une perte de confiance dans la notion même de réserves monétaires, suite au débasement rapide des principales monnaies de réserve (dollar et euro) durant la décennie écoulée, et surtout face aux perspectives de leur débauchage futur. Dans le fond, gager du papier sur du papier fait de moins en moins illusion. Pour l’heure, les craintes liées à l’euro, qui s’expriment avec véhémence depuis trois ans, ne se sont pas réalisées. Dans ce domaine, la relativité règne: l’euro a plus faible que lui. Et il s’agit du dollar, qui se dévalue le plus vite actuellement. On sait en effet que la Réserve fédérale américaine (Fed) est engagée dans un processus d’incitation au crédit (crédit à la consommation, crédit hypothécaire) désormais permanent, qui l’obligera à déployer encore un «stimulus additionnel» étant donné la croissance anémique du pays. Cela signifie que la Fed va imprimer davantage de billets verts pour acheter de la dette américaine à long terme, en vue de maintenir les taux longs le plus bas possible. S’agissant des taux courts, elle les maintiendra à 0% au moins jusqu’en 2014, voire au-delà. Autant dire que la politique de taux zéro, pourtant extrême, est devenue perpétuelle.
C’est pourquoi il est raisonnable de prédire une remontée de l’euro contre le dollar ces prochains mois, ce qui pourrait aider la Banque nationale suisse dans le maintien de son taux plancher de 1,20 franc. Cependant, on sait aussi que la Banque centrale européenne (BCE) a obtenu le feu vert de Berlin pour se livrer à une politique similaire de rachats de dette de la zone euro potentiellement financés par la planche à billets, ce qui promet un affaiblissement de l’euro également, à terme. Retour de l’or refuge
Ces politiques ont un prix, et pas un petit prix: le dollar et l’euro ne peuvent plus prétendre à un statut de monnaies de réserve. Elles ne peuvent être à la fois créées artificiellement pour soutenir la valeur de dettes défaillantes, et servir en même temps de réservoir de valeur. Il faut choisir: soit les papiers dollar et euro servent de marché acheteur artificiel aux dettes des zones respectives, soit ces monnaies jouent le rôle de devises de réserve mondiales, et doivent dans ce cas impérativement reposer sur des économies gérées avec rigueur, ce qui leur conserverait une valeur élevée et inaltérable. Cette situation explique l’attrait renouvelé pour l’or, désormais perçu comme la seule monnaie de thésaurisation, aux côtés de rares monnaies comme le franc suisse. Les investisseurs privés et les banques centrales, inquiets des perspectives inflationnistes de la Fed et de la BCE, préfèrent donc se réfugier dans les métaux précieux plutôt que dans d’autres monnaies. Les bulls et autres «gold bugs » sont de retour. Deux géants de hedge funds, George Soros et John Paulson, auraient augmenté durant le trimestre dernier leurs achats d’or, contribuant aussi à relancer le rallye. Ce dernier a démarré en mai dernier, alors que l’or avait perdu 19% en neuf mois depuis son sommet de 2011. Le rebond, qui a vu le métal jaune franchir le seuil psychologique de 1610 dollars l’once, le mène droit vers 1700, et ouvre la voie à un record historique de 2000 dollars l’once en 2013. D’après le World Gold Council, le deuxième semestre 2012 sera propice aux achats d’or car beaucoup de problèmes économiques ont été reportés sur ce semestre, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Les banques centrales achèteront près de 500 tonnes d’or cette année. Révolution monétaire?
Mais l’événement le plus suprenant, c’est sans doute que le Parti républicain aux Etats-Unis ait ramené l’or au centre du débat politique. L’idée d’un étalon-or revient pour la première fois depuis 30 ans, malgré la force du lobby monétariste anti-or. Ce développement couronne de manière inattendue le long travail du parlementaire et ex-candidat à la présidentielle Ron Paul, auteur de l’ouvrage End The Fed. La «Commission Or» qu’il appelait de ses vœux sera mise sur pied, et les Républicains, dans une prise de conscience bien tardive des effets néfastes de la politique monétaire de la Fed, appellent à un audit de celle-ci. On revient toujours à l’or. La seule vraie monnaie, c’est celle qui ne peut être le jouet du politique.
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