Ce 25 septembre, le résultat des votations a confirmé les contours de la Suisse qui se dessinent depuis quelques années: conservatrice et réaliste, dont les priorités sont clairement la sécurité et la prospérité économique, avant la sphère privée et l’écologie.
Sur le plan sécuritaire et identitaire, les Suisses ne plaisantent pas. C’est dans ces domaines uniquement que les initiatives les moins modérées ont d’ailleurs réussi à passer. Lorsqu’il s’agit de surveiller le risque terroriste (loi sur le renseignement), on voit s’activer les mêmes ressorts que ceux qui ont fait gagner en 2010 le renvoi des étrangers criminels et en février 2014 le refus de l’immigration de masse. Peu importe si l’attachement des Suisses à leur sphère privée passe à la trappe avec la LRens.
Les Helvètes ne sont pas dogmatiques et les dénonciateurs d’un «Etat fouineur» sont bien esseulés à l’heure où des attentats frappent l’Europe chaque semaine. Quant à la sphère privée, elle a perdu ses lettres de noblesse - et surtout sa profitabilité - avec la fin du secret bancaire, qui n’est même plus garanti à l’avenir pour les Suisses. La sphère privée est doublement mise en échec par les paradigmes sécuritaire et fiscal qui s’imposent en Occident.
Sur le plan économique, en revanche, la liberté est farouchement défendue dans les urnes. Mais aussi les coûts mesurés, bien répartis et rationnels. On voit se confirmer au fil des votations cette Suisse sans excès d’idéalisme ni ambition sociale démesurée qui, ce 25 septembre, a préféré faire confiance à l’Etat pour régler le financement des retraites en répartissant les charges de manière assez large pour qu’elles soient indolores. C’est par contre un cadre résolument libéral qui est plébiscité pour l’économie en général et aussi pour la transition vers une économie durable.
Les solutions coûteuses n’ont jamais eu la cote. AVSplus, qui voulait relever de 10% les rentes, promettait une hausse des cotisations de 0,4% tant aux salariés qu’aux employeurs. Cela a eu pour effet de rebuter à la fois les entreprises, qui craignent déjà pour leur compétitivité en raison du franc fort, et les salariés, qui défendent leur pouvoir d’achat au moment où les hausses de salaires sont plus rares que les plans d’économies.
Cette même Suisse, qui avait refusé six semaines de vacances et un revenu de base inconditionnel, se montre toujours intraitable face à des solutions chères dont le fardeau est porté par les créateurs de richesses. Ce rationalisme et ce penchant pour l’autorégulation ont été les ennemis de l’initiative «économie verte».
Une initiative qui prévoit que l’Etat intervienne dans l’économie et fixe des objectifs aux entreprises n’est pas dans l’esprit helvétique. Dans une économie aussi globalisée, les politiques volontaristes ne sont pas réalistes. Les standards en matière salariale, mais aussi de responsabilité sociale et environnementale, sont fixés par les concurrents internationaux.
Avec le Brexit, l’Angleterre optera pour un libéralisme économique plus marqué dans son commerce et dans ses traités, ce qui influe aussi déjà sur la vision écconomique en Suisse (alémanique pour commencer). Et les partis verts, à l’heure où les prix mondiaux du pétrole sont moitié moins chers qu’en 2014 et que la production d’or noir est abondante, n’ont pas exactement le vent en poupe.
Avant «Economie verte», les initiatives 1:12 et Ecopop, en net décalage avec les besoins et les contraintes de l’économie, avaient déjà fait les frais de leur irréalisme et interventionnisme. Les objectifs moraux prennent rarement le dessus sur les objectifs économiques en Suisse. Les Suisses créent des richesses, font preuve de responsabilité, et ensuite les idéaux de société suivent.
Cela n’a pas si mal fonctionné jusqu’ici, non?
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L’idéal suisse est si réaliste